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Le Sénégal, 1er pays africain à commémorer la traite des noirs

Le 4 avril 2010, le président sénégalais Abdoulaye Wade revenait sur le devoir de mémoire concernant la traite des noirs:

«Nous devons, par le respect du devoir de mémoire, continuer le combat contre l’oubli et le négationnisme qui refait surface. C’est dans cet esprit que notre pays vient de déclarer l’esclavage et la traite négrière crimes contre l’humanité.»

En 2001, à la conférence des Nations unies, la France, sous la présidence de Jacques Chirac, fut le premier pays au monde à déclarer la traite des noirs crime contre l’humanité. Le 10 mai est d’ailleurs devenu en France la journée de commémoration nationale de la traite des noirs.

Sur le modèle français, le Sénégal a donc souhaité montrer l'exemple à ses voisins africains. Ce mercredi 27 avril 2011, à partir de midi et pour la première fois sur le continent, le Sénégal rendra à son tour hommage aux victimes africaines de ce génocide. Le choix du 27 avril n'est pas anodin puisqu'il correspond à la date d’abolition de la traite négrière dans les colonies françaises, en 1848.

Un devoir de mémoire certes tardif mais bienvenu, et qui se tiendra à bord d’une chaloupe qui assure la liaison de Dakar vers Gorée, avec dix minutes d'escale en plein océan, mais également sur toutes les rives de l’Atlantique où les âmes concernées jetteront une fleur à la mer. Un voyage symbolique pour rappeler les semaines de traversées épouvantables où des millions d’hommes, de femmes et d’enfants africains, enchaînés et battus, périront pour la plupart sous les coups de leurs bourreaux.

Le président de la Fondation du mémorial de la traite des noirs, Karfa Diallo a confirmé l’organisation de la manifestation intitulée «L’Atlantique noir» et rappeler que toutes les initiatives personnelles sont bienvenues:

«Nous invitons tout le monde à venir avec une fleur qu’on va jeter à la mer à la mémoire des victimes de la traite des noirs. Les gens qui ne peuvent pas venir, peuvent à partir de là où ils habitent, aller vers l’océan et offrir leur fleur pour participer à la manifestation.»

La Fondation, créée le 10 mai 2006 à l’Assemblée nationale française, «prolonge et internationalise l’action de l’association DiversCités créée en 1998 et dissoute en septembre 2010». Elle s'est donné deux principales missions: œuvrer pour l’édification d’un mémorial national de la traite des noirs et de l’esclavage, et instituer une école des mémoires. Les programmes scolaires devront ainsi inclure dans les cours d’histoire des chapitres sur l’esclavagisme afin de permettre aux élèves de comprendre la traite négrière et ses conséquences sur l’évolution du continent africain. La manifestation se veut annuelle et fédératrice.

«Tous les ans, nous allons revenir pour continuer cette commémoration. La mémoire est une resssource qui est nécessaire pour l’unité de l’Afrique, les droits de l’homme, l’humanisme», a indiqué monsieur Diallo.

La traite négrière aurait déporté 11 millions d’Africains vers l’Europe et l’Amérique en moins de 400 ans, de la fin du 15e siècle aux années 1860.

Lu sur Agence de Presse Sénégalaise, allAfrica.com