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Addis Abeba, la capitale aux 150.000 prostituées

«Presque toutes les filles qui travaillent dans un bar à Addis Abeba sont des prostituées». C’est le constat de l’association américaine Women at Risk (W.A.R). Elle travaille dans la capitale éthiopienne depuis 1996 pour aider ces femmes à trouver une autre voie. Mais est-ce vraiment leur seule issue?

Pour en avoir le cœur net, un journaliste du quotidien kényan Daily Nation est allé enquêter sur place. Il a passé la soirée dans une des tavernes bordant la route qui mène à l’aéroport de la capitale.

Il constate alors que W.A.R dit vrai. C’est un lieu hanté par les prostituées et leurs clients, des étrangers de passage. Et selon lui, ce n’est pas différent dans les autres débits de boisson.

«Les femmes y sont en réalité la principale attraction. Vêtues de façon aguicheuse, elles ne laissent aucune place à l’imagination. Mon guide m’a conseillé de me commander une bière et de m’asseoir tout seul […]», écrit le Kényan dans un reportage publié le 21 juillet 2011.

Alem, Ayana et Estuva expliquent au journaliste qu’elles n’ont pas le choix. L’une doit nourrir ses enfants, l’autre soigner sa mère et la troisième payer ses études. Alors elles viennent grossir les rangs des 150.000 prostituées exerçant à  Addis Abeba.

Dans ces établissements, les filles offrent leur service pour 30 euros. C’est plus rentable que la rue, où les filles sont là aussi très nombreuses: elles «réclament des prix ridiculement bas, certaines le font pour moins de 2 dollars (1,30 euros)».

60% d’entres elles ont entre 15 et 24 ans [pdf] selon une étude réalisée en 2002 par l’ONG Family Healt International en collaboration avec le ministère de la Santé éthiopien.

L’inertie des pouvoirs publics semble la principale cause de ce nombre élevé de prostituées. En effet, la capitale atteint un taux de chômage de 60%, trouver du travail est un véritable parcours du combattant.

Pour le journaliste, les dirigeants éthiopiens sont mêmes complices de cette situation dans la mesure où tout cela amuserait leurs hôtes de l’Union africaine, dont le siège est à Addis Abeba:

«Beaucoup de diplomates viennent ici, mais hésitent une fois leur tour consommé. Ils ne veulent tout simplement pas rentrer chez eux après avoir été divertis par les filles», explique le guide éthiopien du journaliste kényan.

Lu sur Daily Nation