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Les vétérans de la lutte contre l'apartheid sont en colère
Vingt ans après la fin de l’apartheid, ceux qui se sont battus pour mettre fin à ce système ségrégationniste gardent aujourd’hui un goût amer de leur lutte. Ceux qui estiment avoir risqué leur vie pour la liberté accusent en effet le gouvernement actuel de les avoir oubliés.
La colère est palpable chez Farid Ferhelst, un ancien combattant, lorsqu’il évoque sa situation à BBC News Africa:
«Je suis en colère et très déçu de ce gouvernement. Il oublie que ceux qui se sentent négligés et marginalisés aujourd’hui sont les mêmes qui ont mis le feu dans les townships dans les années 1980.»
La déception de Ferhelst traduit celle de milliers d’autres combattants qui avaient espéré être récompensé de leur lutte pour la libération de l’Afrique du Sud. Vivant dans une pauvreté extrême, beaucoup de ces anciens combattants souffrent de traumatismes psychologiques, sont sous l’emprise de la drogue ou de l’alcool, ou pire, ont rejoint des gangs. C’est ce qu’indique le Struggle Veterans Action Committee (Svac), qui représente environ 36.000 anciens combattants.
Farid Ferhelst avait 14 ans quand il a rejoint la branche armée de Bonteheuwel (BMW), une milice de jeunes très active dans les années 1980. Comme de nombreux mouvements clandestins, certains membres du BMW ont disparu avant de bénéficier des avantages promis par le gouvernement —notamment en matière de santé ou bien le versement d’une pension.
Pour Faizel Moosa, ex-combattant au sein d’une des branches armées du Congrès national africain (ANC, parti au pouvoir), la situation est «insultante». Celui qui dirige actuellement le Svac exprime le ras-le bol de ses membres:
«Nos membres sont fatigués des promesses et nous nous dirigeons vers une situation où ils vont réclamer par la force ce qu’ils veulent.»
Dans cette situation, le ministère dédié aux anciens combattants se défend de toute négligence et fait état des efforts entrepris. Mis en place en 2009 sous la présidence de Jacob Zuma, ce ministère spécial a approuvé un projet de loi estimant le coût de la prise en charge des anciens combattants à 2,4 milliards d'euros sur cinq ans.
Néanmoins, certains analystes doutent de la faisabilité du projet gouvernemental. Ils estiment que ces fonds seront insuffisants pour indemniser les 56.000 combattants identifiés, ainsi que ceux encore inconnus mais admissibles aux prestations. Ils craignent égalemeny une situation similaire à celle du Zimbabwe où, disent-ils, «l’Etat a aveuglement indemnisé les vétérans».
Mais ce que les associations d’anciens combattants dénoncent ; c’est aussi la corruption qui caractérise selon eux nombre de politiciens:
«Nos membres ne sont pas stupides, ils ne sont pas aveugles. Comment sommes-nous censés réagir quand nous voyons les politiciens devenir riches grâce à des moyens détournés tandis que nous, qui avons libéré ce pays, mourons de faim?», regrette Armien Sydow, un ancien combattant.
Lu sur BBC News Africa