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Rituels macabres au Gabon

Au Gabon, la pratique de sacrifices humains persiste, et serait même en progression. Jean-Elvis Ebang Ondo fait partie de ces pères qui ont retrouvé le corps de leur enfant mutilé pour servir des causes rituelles. C’était le 3 mars 2005, sur la plage de Libreville.

Depuis, il a décidé de faire de la lutte contre ces crimes rituels son combat quotidien, en créant notamment après l’assassinat de son fils l’Association de lutte contre les crimes rituels (ALCR). Interviewé à l’occasion du 5e anniversaire de son association sur les ondes de Radio France Internationale (RFI) le 15 juillet 2011, il fait part d’un chiffre accablant: 119 crimes rituels ont été perpétrés au cours des trois dernières années au Gabon:

«Chaque semaine, on découvre un corps dans la nature. Chaque semaine, un enfant au moins est assassiné pour satisfaire des personnalités qui font ces basses besognes […] Ça peut être relayé par la presse, ou bien on étouffe les informations.»

Selon Anne-Marie Dworaczek-Bendome, humanitaire d’origine gabonaise qui tient un blog hébergé par le site de l'hebdomadaire français Le Nouvel Observateur:

«Dans une société où seul le résultat compte et pas les moyens que l’on a utilisé pour y parvenir, des habitants pensent sincèrement que la réussite est liée aux sacrifices humains […] Le crime rituel est devenu une forme de "coutume" intégrée dans les mœurs gabonaises […] Cette gangrène n’est cependant pas propre au Gabon, ces rituels se font partout en Afrique.»

Par ambition ou croyance, certaines personnes sont même prêtes à sacrifier certains de leurs proches pour bénéficier de la protection d’un «parrain» —une personne puissante et influente, à même de permettre une ascension sociale ou professionnelle, tel que le souligne Jean-Elvis Ebang Ondo.

«"Vous allez donner un des vôtres" […] c’est le langage que [les parrains] emploient. Cette personne, vous la sacrifiez et vous prenez ce qu’on appelle communément ici les pièces détachées, c’est-à-dire les organes de reproduction, le sang humain que vous allez déposer dans les temples, et le maître suprême se sert de ça.»

Il ajoute que c'est en temps d'élections ou de remaniement ministériels que les sacrifices humains deviennent les plus fréquents:

«A chaque mouvement politique, des personnalités qui croient à ces pratiques tuent des proches parents pour avoir des promotions, pour se maintenir dans leurs postes, pour avoir des honneurs.»

Lu sur RFI, dworaczekbendome.blogs.nouvelobs.com