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Un shebab chante le Djihad

Shebab notoirement connu en Somalie, Abu Mansoor al-Amriki, alias Oma Hammimi, ne néglige pas pour autant ses talents de chanteur. Face à la déclaration d'Abdihakim Mohamud Haji Fididu, ministre de la Défense somalien, qui avait annoncé sa mort le 8 mars 2011, il a préféré donner signe de vie en chanson.

Coupant ainsi court à toute rumeur sur sa mort présumée, al-Amriki a tenu à confirmer qu'il était toujours de ce monde sur fond de rap agrémenté de paroles islamiques. Il a sorti deux nouveaux titres: Send me a cruise (Envoie-moi un missile de croisière) et Make jihad with me (Fais le Djihad avec moi). Si al-Amriki se moque de ceux qui l’avaient cru mort, il n’oublie pas de rendre hommage aux shebab qui sont tombés, ni d'inciter à la guerre sainte.

«Dans une chanson de rap maladroite, Hammami glorifie la mort en continuant de mener le Djihad, et demande à mourir comme d'autres dirigeants célèbres d’al-Qaida», rapporte The Long War Journal.

Ce n’est pas la première fois que ce Djihadiste s’illustre d’une manière non conventionnelle pour évoquer le combat des shebab somaliens.

«Hammami avait déjà lancé une propagande similaire par le passé. En mai 2010, (il) était apparu dans une autre chanson de rap embarrassante, intitulée First Stop Addis. Dans ce rap, Hammami avait déjà clamé qu’il cherchait à mourir en martyr. "Ma priorité c'est… mourir comme un chahid (martyre)".»

Cet artiste en herbe haut placé parmi les shebab est plus connu outre-Atlantique sous le nom d’Omar Hammami. Né d’un père immigré syrien et d’une mère américaine à Daphne (Alabama), le site du New York Times relate l’histoire de ce citoyen américain qui a viré de bord. C’est après un séjour en Somalie en 2006 qu’il endosse l’habit des shebab et choisit la voie de l’islamisme radical.

«C’est sur la corne africaine (Est du continent) qu’il est devenu une personnalité majeure de l’une des plus impitoyables insurrections islamistes au monde.»

Connu en Somalie sous son nom de guerre Abu Mansoor al-Amriki, surnommé parfois «l’Américain», il est perçu comme une sorte d’«icône djihadiste» et est à l’origine de diverses campagnes de recrutement «qui ont contribué à recruter des centaines de combattants étrangers en Somalie». «Nous n’avons jamais vu ça avant», avoue un haut gradé américain. Et pourtant, rien ne laissait présager que cet adolescent passionné de «Shakespeare, Kurt Cobain, de football et par la Nintendo» choisirait cette voie sans retour. Au cours d'un échange de mails datant de décembre 2009, il revient sur son évolution personnelle et ses opinions politiques:

«Nous adoptons les mêmes principes et la même méthodologie qu’al-Qaida […] Evidemment, que je pense que l’Amérique est une cible.»

Voici le refrain de sa chanson Send me a cruise, diffusée sur des sites islamistes radicaux :

Envoyez-moi un missile de croisière comme Maa’lam Adam al Ansari,
Et quelques tonnes comme Zarqawi,
Et un drone comme Abu Laith al Libi,
Et les forces spéciales comme Saleh Ali Nabhani
Envoyez-m'en encore plus
Je prie pour ça en marchant jusqu’au paradis
Envoyez-m'en quatre, envoyez-m'en plus, c’est ce que j’implore,
Un martyre extraordinaire, c’est ce que j’attends et que j’adore»

Lu sur The Long War Journal, The New York Times