mis à jour le
Dans le secret des pirates somaliens
De quoi est fait le quotidien des pirates somaliens? Nul ne le savait vraiment avant que le journaliste canadien Jay Bahadur livre le récit des trois mois qu’il a passés à leurs côtés, entre janvier et mars 2009.
The Pirates of Somalia: Inside their hidden world (Dans le monde secret des pirates de Somalie) est l’aventure d’un jeune diplômé de l’Université de Toronto de 27 ans, aspirant journaliste.
Pour son premier voyage en Afrique, il pensait couvrir des élections.
«Puis l’idée de couvrir la piraterie m’est venue et m’a paru être une histoire bien plus excitante et un bien meilleur moyen de me faire un nom», explique-t-il à l’agence The Canadian Press.
Il rapporte alors «ce qu’aucun autre journaliste n’a vu jusque là», écrit The Boston Globe. Le journal américain ne cache pas son admiration face à tant de sang-froid. «A l’aéroport, je me suis dit qu’il fallait que je me ressaisisse parce que sans ça, je serais kidnappé en 30 minutes», raconte-t-il. La Somalie est l’un des pays les plus dangereux au monde, et rares sont les étrangers qui ont pu côtoyer de si près les bandits somaliens.
C’est après quelques coups de téléphone que le Canadien parvient à trouver un «fixeur», un journaliste local capable de l'introduire auprès des pirates. Il découvre alors qu'ils «ne sont pas des Barbe Noire du XXIe siècle», écrit The Boston Globe. Ni des Capitaine Crochet.
A lire le récit de Bahadur, les bandits sont pauvres, seuls et drogués. Jay souligne que contrairement à ce qui se dit, aucune organisation criminelle internationale ni aucun groupe islamiste n’est derrière eux. Ce sont des fantasmes, car à l’origine il s’agit de gens démunis, devenus en peu de temps une organisation multimilliardaire, mais toujours indépendante et autonome.
En revanche, ce qui est vrai, c’est que les pirates somaliens se droguent aux feuilles de qat. Cultivées en abondance dans la corne de l’Afrique, elles procureraient la même sensation d’euphorie que les amphétamines. Les pirates les consomment en infusion ou les mâchent crues. Pour Jay Bahadur, c’est l’un des fléaux majeurs en Somalie:
«Le temps lui-même paraît irréel quand vous mâchez du qat; c’est une pratique en parfaite harmonie avec la Somalie. Cette mastication lente et léthargique correspond au rythme pesant du quotidien, des vies possédées par cette drogue avalée goulument», écrit-il dans son livre.
Lu sur The Boston Globe, The Canadian Press