mis à jour le
Difficile réconciliation entre Hutu et Tutsi aux Pays-Bas
En ce mois d’avril, les Rwandais commémorent le 17e anniversaire du génocide de 1994. La justice continue de faire son travail et au Rwanda, les signes de repentance de certains génocidaires se multiplient et le pardon et la réconciliation s’installent progressivement. Mais ailleurs, comme aux Pays-Bas, le dialogue entre les survivants Tutsi et Hutu semble beaucoup plus lent.
«On ne peut pas demander aux rescapés de se réconcilier tant qu’il y a des gens aux Pays-Bas, soupçonnés d’avoir participé au génocide, qui ne sont pas poursuivis», affirme Narcisse Gakuba, président d'Ibuka, une association rwandaise pour les survivants du génocide aux Pays-Bas. Malgré la publication d’une liste de génocidaires présumés, un seul suspect rwandais a été condamné pour torture.
Narcisse Gakuba ajoute:
«La réconciliation passe par la repentance, par les génocidaires qui disent: "On s’excuse". Alors là, on comprendra. Il y a des gens au Rwanda qui ont demandé pardon. Mais ici, certains ne le reconnaissent pas. Ceux qu’on connait, que les autorités mêmes connaissent, qui ont des dossiers, on attend ! Rien ne se passe ! Ça fait mal.»
Celui qui préside aujourd’hui l’association Ibuka avait 31 ans lorsqu’il a perdu toute sa famille dans le génocide rwandais qui a fait, selon les estimations, 800.000 morts. Il est tutsi et dit n’avoir aucun ami hutu. Pour lui, la seule réconciliation possible, c’est la justice. Et aux Pays-Bas, il attend toujours que justice soit faite.
Selon l’Office national des statistiques néerlandais (CBS), plus de 1.400 Rwandais vivent dans ce pays où les Hutu et les Tutsi ne se mêlent pas les uns aux autres.
«Au Rwanda on avance plus vite qu’ici, poursuit Gakuba. Aux Pays-Bas, on est toujours Tutsi. On vit séparés. Mais au Rwanda c’est différent. Le matin, le premier à saluer, c’est ton voisin Hutu. C’est plus facile.»
Cette méfiance entre Tutsi et Hutu aux Pays-Bas est accentuée par le cas de la politicienne hutu Victoire Ingabire. Elle a vécu aux Pays-Bas pendant quinze ans avant de retourner à Kigali, la capitale rwandaise, pour se présenter à la présidentielle de 2010. Là, elle a été emprisonnée par les autorités qui l’accusent de «collaboration avec une organisation terroriste», de diviser le peuple rwandais et de nier le génocide de 1994.
Lu sur RNW Africa