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Tuer Patrice Lumumba: une mission des services secrets britanniques?
Un nouveau témoignage incrimine les services secrets britanniques au sujet de la mort du leader congolais, en 1961.
Les services secrets britanniques sont-ils impliqués dans l'enlèvement et la mort de Patrice Lumumba, héros de l'indépendance congolaise? Un membre de la Chambre des lords britannique évoque l'hypothèse d'une implication du MI6. Il assure se baser sur les confidences d'une ex-agent des services secrets, Daphne Park.
Dans une contribution au magazine London Review of Books du mois d'avril, le lord travailliste David Lea affirme que Daphne Park, une ancienne cadre du MI6 aujourd'hui décédée, lui a confié en 2010 avoir «organisé» cet assassinat en 1961. La Grande-Bretagne craignait alors une possible alliance entre la République démocratique du Congo et l'Union soviétique.
Selon le Guardian, Daphne Park, surnommée «la reine des espionnes», était considérée comme l'un des meilleures agents secrets britanniques durant ses quatre décennies de service. Elle aurait été envoyée par le MI6 au Congo belge en 1959 sous couverture diplomatique, alors que les Belges étaient sur le point de se faire évincer du pays.
«Je prenais un jour une tasse de thé avec Daphne Park —nous étions collègues, de bords opposés, à la Chambre des lords— quelques mois avant qu'elle ne meure en mars 2010, écrit David Lea. Elle avait été consule et première secrétaire à Léopoldville, aujourd'hui Kinshasa, de 1959 à 1961, ce qui en pratique signifiait qu'elle était chef du MI6 là-bas», ajoute-t-il.
«J'ai évoqué la controverse autour de l'enlèvement et le meurtre de Lumumba et la théorie selon laquelle le MI6 pouvait avoir joué un rôle. "En effet", a-t-elle répondu. "Je l'ai organisé", affirme-t-elle.
La crédibilité de ces révélations sont toutefois mis en doute par des historiens et des fonctionnaires. L'un des proches collègues de Daphne Park a confié au Times ne pas avoir reconnu la discrétion de l'agent qu'il avait connu. Il ajoute: «Le MI6 n'a jamais eu le permis de tuer».
Lu sur The Guardian