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Les biens mal acquis ont de la gueule

La photo d’Ali Bongo, le président gabonais, a été projetée sur la façade d’un immeuble d'un quartier chic du VIIe arrondissement de Paris, le 29 juin 2011.

A l'origine de cette action, le collectif d’Illuminations des biens mal acquis, que la chaîne de télévision France 24 a rencontré. Ce collectif d'artistes cherche à dénoncer non seulement les détournements, mais surtout les méfaits de la Françafrique, symbole selon eux des liens entre la France et certains régimes jugés dictatoriaux.

Pour leur première projection, ils ont choisi Ali Bongo, qui a succédé à son père Omar Bongo, décédé en 2009 après 41 ans au pouvoir. Matjules, auteur et artiste, l’un des fondateurs du collectif, explique le mode opératoire:

«Nous nous sommes donné rendez-vous un soir, non loin du 51 rue de l’Université. Après avoir vérifié que la voie était libre, notre petit comité a pu installer l’équipement technique sans problème et sans déranger le voisinage.

La projection a commencé à minuit et a duré vingt minutes. Des passants intrigués sont venus observer et commenter avec sarcasme l’apparition de ce Bongo plus vrai que nature sur la façade de sa propriété de prestige en plein Paris.»

Chaque artiste peut participer à la conception des réalisations. Matjules ajoute que le choix s’est fait après des tests sur les différents biens ciblés. D’autres immeubles figurant sur la liste des biens mal acquis sont situés dans des endroits moins accessibles.

Le collectif dit s’inspirer des groupes d’artistes engagés comme le Voïna, collectif russe très controversé, ou les Américains de Graffiti Research Lab. Dans la ligne de mire de ces artistes, «tous les dictateurs du continent», déchus ou encore en exercice. Le groupe échange notamment avec des informateurs tunisiens sur les biens de l'ex-président tunisien Ben Ali.

Les «illuminateurs» des biens mal acquis s’appuient sur des études de Sherpa et Transparency International, deux ONG qui enquêtent notamment sur les biens du clan Ben Ali.

Les artistes effectuent leurs recherches à partir d’outils comme le site Web Infogreffe, un site qui permet de rechercher les sociétés et les commerçants inscrits au registre du commerce. Ils utilisent aussi des données du cadastre, et complètent leurs informations par des enquêtes de voisinage et des échanges avec leurs informateurs.

Des informations partagées via la carte interactive développée par le site Owni, qui répertorie les biens mal acquis de certains chefs d’Etat africains.

Les projections vont se poursuivre, même si le collectif veut rester discret sur ses futures actions. 

Lu sur France 24