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La Banque mondiale veut une huile de palme écolo

La Banque mondiale a annoncé vendredi 1er avril qu’elle ne financerait plus de projets de production d’huile de palme qui provoquent une trop grande déforestation.

Cette décision intervient après la publication le 18 février 2011 de la nouvelle version de son projet de cadre et de stratégie pour l’engagement dans le secteur de l’huile de palme, approuvé hier par le président et le conseil d’administration.

«Pour contribuer à protéger les forêts et la biodiversité et empêcher l'extension des palmiers à huile sur des régions boisées et des tourbières, la Banque mondiale donnera la priorité à des initiatives qui encouragent la production sur des terres dégradées et chercheront à améliorer la productivité des plantations existantes», indique un communiqué.

En septembre 2009, la Banque avait déjà suspendu ses prêts aux compagnies de plantation de palmiers à huile qui ne pouvaient garantir que leur exploitation ne causerait aucun dommage sur l’environnement. Une décision prise à la suite d’un rapport interne indiquant qu’un des plus gros groupes du secteur, Wilmar, financé par le Fonds privé de la Banque mondiale (IFC), violait les normes socio-environnementales de cet organisme de prêt en incendiant et rasant illégalement des hectares de forêts pour y planter des palmiers à huile.

En mars 2010 c’est le premier producteur indonésien d’huile de palme, Smart (Sinar Mas), qui perdait son contrat avec le géant de l’agroalimentaire Nestlé, l’entreprise suisse ne pouvant plus cautionner la politique de déforestation du producteur, dont Kraft et Unilever s’étaient déjà séparés un peu plus tôt. Nestlé a réagi quelques heures après la mise en ligne par Greenpeace d’une fausse publicité choc pour sa célèbre barre chocolatée Kit-Kat, où la friandise était remplacée par des doigts d’orang-outan, accusant ainsi la marque d’être reponsable de la disparition de ces singes, notamment sur l’île de Bornéo. Partagée entre plusieurs pays dont l’Indonésie et la Malaisie —85% de la production mondiale d’huile de palme à eux deux— cette île est victime du plus fort taux de déforestation au monde, notamment à cause des exploitations de palmiers à huile de plus en plus nombreuses.

Si l’économie des pays producteurs en subit d’heureuses conséquences, c’est une catastrophe pour la biodiversité et pour l’environnement, car la destruction massive des forêts aggrave les rejets de gaz à effet de serre, participant au réchauffement climatique.

L’Afrique, leader dans les années 60, ne représente plus que 5,5% de la production mondiale d’huile de palme, principalement avec le Nigeria (54,7%). Le continent est encore à l’abri des catastrophes environnementales, et en plus d’exploitations industrielles, de nombreuses exploitations «familiales» voient le jour, pour pourvoir aux besoins en huile de palme au niveau local.

L’huile de palme est aujourd'hui l’huile végétale la plus consommée au monde: très utilisée dans la cuisine africaine (15% de la ration alimentaire), sud-américaine et asiatique. Les industries agroalimentaires et cosmétiques consomment respectivement 80% et 19% de la production mondiale, mais l'huile de palme est toujours vivement critiquée car sa forte teneur en acide gras saturés augmenterait le risque de maladies cardio-vasculaires.

Lu sur France 24