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Cameroun - NoBakchich, l'appli mobile anticorruption
Tchoko, gombo, carburant, motivation…les appellations données aux pots-de-vin au Cameroun sont aussi nombreuses que la pratique est répandue dans le pays. Face à cela, un entrepreneur camerounais a décidé de dire stop. Il vient de lancer une application pour téléphones mobiles. Appelée NoBakchich et uniquement disponible sur téléphones Android, elle a pour objectif d’aider les mobinautes à lutter contre la corruption.
L’«appli» part du principe très simple qu’une information claire et complète sur les procédures administratives peut permettre aux usagers d’échapper à bon nombre de versements de bakchich.Où? A qui s’adresser? Pour quoi faire? Quel est le prix légal à verser? sont, par exemple, les questions auxquelles l'application se propose de répondre. NoBakchich présente un descriptif précis des procédures et des lois en vigueur dans le pays. L’application invite l’usager, dans le cas où une procédure n’y serait pas encore répertoriée, à la signaler.
«Nous comptons enrichir notre base de données de procédures et la mettre à jour au fur et à mesure de la vie du projet. Plus il y'en aura, mieux ça sera», lance le site en ponctuant son annonce d’un smiley souriant.
Conçu par un développeur de logiciels, NoBakchich se veut une plateforme participative où chacun apporte sa contribution dans la lutte anti-corruption. Judicieusement, elle convie les détenteurs de téléphones mobiles à pointer du doigt les pratiques abusives d’une administration ou de son personnel. Ainsi, chacune d'elles est gratifiée d’une notation, baptisée «compteur de tchoko», informant les autres usagers des bonnes ou mauvaises pratiques.
«Ce service permettra d'avoir, à la longue, les procédures qui nécessitent le plus de bakchich», promet le site.
L’application devrait avoir un franc succès chez les Camerounais. Car une étude de Transparency International a montré qu’en 2005, ils consacraient 102.500 francs CFA (142 euros) à des pots-de-vin rapporte l'hebdomadaire Le Griot. Dans ce calcul, ne sont pas pris en compte le temps perdu à des procédures alambiquées, le ras-le-bol et la perte de confiance en l’Etat causés par ces abus. Dans tous les cas, il est inutile de porter plainte. La justice est le secteur le plus mal noté, selon le baromètre 2009 de Transparency International affirme Le Code, un collectif d'associations des Camerounais de diaspora (opposé au régime du président Biya), et qui reprend un article publié par la Nouvelle expression, un journal camerounais.
Le créateur de l’application a bien compris que la communication est le nerf de la guerre et, selon Le Griot, sa technique pourrait se révéler plus efficace que les mesures de l'opération «Epervier». Ce programme de lutte contre la corruption engagé par les pouvoirs publics en 2004, et qui a conduit à l’emprisonnement de quelques ministres et d’anciens patrons d’entreprises nationales.
L'initiateur de Bakchich mise donc sur le bouche-à-oreille, rêvant sans doute d’une révolution de l’appli:
«L'application NoBakchich est gratuite! Vous êtes libre de téléchager et de partager avec vos proches. C'est à vous qu'elle s'adresse, et c'est avec votre soutien que NoBakchich arrivera à ses fins. Non aux pots-de-vin dans l'administration!»
Lu sur Nobakchich, Le Griot, Le Code