SlateAfrique

mis à jour le

Afrique - Tout va bien, soyons pessimistes

La plupart de ceux qui n’ont jamais mis les pieds en Afrique ont souvent une idée préconçue tout sauf optimiste. Famines, mortalité infantile, guerres, sécheresse sont parmi les thèmes les plus relayés par de nombreuses organisations non-gouvernementales (ONG), sans oublier les médias. Un phénomène que met en avant le magazine Columbia Journalism Review (CJR):

«Les journalistes américains font le portrait d’un continent vivant une horreur sans fin. En juin dernier, le magazine Time a publié des images de femmes nues en Sierra Leone qui mourraient en couche. Peu de temps après, CNN a relaté l’histoire de deux jeunes Kényans dont la famille était si pauvre qu’ils devaient emmener les chèvres dans les abattoirs en échange de moins d'un penny par animal.»

La question est donc de savoir si le fait de ne parler que du «côté sombre» de l’Afrique rend vraiment service à ses habitants. Mais comme le continent perçoit de nombreuses aides financières d’associations humanitaires, en montrer une image plus positive pourrait constituer en quelque sorte un manque à gagner pour celles-ci.

«Ces organisations ne vont naturellement pas se concentrer sur ce qui a été accompli, mais plutôt convaincre les gens de tout ce qu’il reste à faire», poursuit le CJR.

Le magazine reprend également les propos du directeur d’une ONG américaine basée à Nairobi, au Kenya:

«Quand vous collectez des fonds, vous devez prouver qu’il y a des besoins. Des enfants qui meurent de faim, des mères qui meurent. Si vous n’êtes pas assez négatifs, vous n’aurez pas de fonds.»

Une réalité qui exacerbe la concurrence déjà féroce qui existe entre les ONG, toujours plus nombreuses. Jusqu’au milieu des années 70, seule une douzaine d’organisations opérait sur le continent. Elles sont plus de 250 aujourd’hui. Et pour récolter davantage de fonds, il importe de passer certaines heureuses réalités à la trappe.

«(...) entre mai et septembre 2010, les 10 journaux et magazines les plus lus aux Etats-Unis ont publié 245 articles mentionnant la pauvreté en Afrique, quand seulement cinq évoquaient la croissance du PIB.»

Même si l’Afrique a encore beaucoup de chemin à faire sur le chemin du développement, les derniers chiffres de sa croissance économique ont de quoi faire pâlir de jalousie de nombreux pays plus «développés». Le site Afrik.com rapporte en effet qu'entre 2000 à 2006, «l’Afrique a enregistré sa plus forte croissance économique de ces deux dernières décennies, avec un taux de croissance du Produit intérieur brut (PIB) d’environ 5% par an en moyenne ces six dernières années, passé à 5,5% en 2006».

Citant le rapport 2010 des Perspectives économiques en Afrique, le quotidien économique algérien Le Maghreb revenait à l'époque sur la croissance économique du continent noir après la crise de 2009:

«"Les économies africaines devraient progressivement se ressaisir pour atteindre un taux de croissance moyen de 4,5% en 2010 et de 5,2% en 2011". […] L’Afrique s’est avérée "plus résistante" à la crise mondiale grâce à "des politiques macro-économiques prudentes avant la récession qui ont abouti à l’amélioration des fondamentaux économiques dans de nombreux pays africains".»

Lu sur Columbia Journalism Review, Afrik.com, Le Maghreb