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Route de Bani Walid, 8 septembre 2011.REUTERS/Youssef Boudlal
Route de Bani Walid, 8 septembre 2011.REUTERS/Youssef Boudlal

SOS: la Libye, un pays sans frontières

Le pays, en proie au chaos, commémore d'une bien étrange manière le début de la révolution qui a abouti à la mort de Kadhafi. Jusqu'au 18 février, les frontières sont fermées.

Deux ans, jour pour jour, après le début de la révolution libyenne, le 17 février 2011, qui a jeté à bas le colonel Mouammar Khadafi, la Libye célèbre de manière étrange cet anniversaire : depuis jeudi 14 février à minuit et jusqu’au lundi 18 février, les frontières avec l’Egypte et la Tunisie seront fermées pour raisons de sécurité, rapporte le Libya Herald.

En effet, «le faible gouvernement libyen lutte pour contrôler ses frontières en essayant de mettre fin à la contrebande d’armes et à la menace des milices armées qui parcourent la région », analyse le New York Times dans son édition du 12 févier. Et Tripoli craint des incidents à l'approche du 17 février.

Plus généralement, le constat est sans appel. Le pouvoir central de Tripoli n’a pas de prise, ou presque, sur ses frontières et sur de larges régions à l’intérieur même du pays.

«A présent, le gouvernement central d’Ali Zeidan est tellement faible que de larges bandes de territoires de la Libye sont aujourd’hui hors de contrôle», note Karim Mezran, chercheur spécialiste de la Libye au Centre Rafik Hariri

Si le sud du pays est livré aux milices islamistes, la grande ville de l’est du pays Benghazi, berceau de la révolution, sombre également dans le chaos. Des milices armées, comme Ansar al-Charia, y font la loi dans certains quartiers.

Cette dégénérescence de l’Etat libyen menace l’équilibre de toute la région. L’attaque du site gazier algérien d'In Amenas, en janvier 2013, a été menée par un commando qui serait venu de Libye. Comme les groupes armés islamistes qui ont occupé le Nord-Mali, avant d'être repoussés par la coalition franco-malienne.

Cartographie: la Libye, un Etat sans frontières? (cliquez sur la carte pour lire les légendes)




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Selon le rapport S/2012/42 de l’ONU, publié le 18 janvier 2012, la guerre civile libyenne a permis à des groupes armés tel que Boko Haram et Aqmi, d’accéder à de vastes caches d’armes (lance-grenade, artillerie légère anti-aérienne montée sur véhicule etc…).

«Au milieu de ce chaos, le bas-ventre de l’Afrique saharienne, le Sahel, est sur le point de remplacer la région frontalière entre le Pakistan et l’Afghanistan comme le sanctuaire mondial majeur des réseaux terroristes. La Libye est à la fois la racine et la clé du problème, » théorise l’Américain Jason Pack, fondateur du blog Libya-analysis.com, dans une tribune publiée sur le site américain Politico.

Quelles solutions ?

Un sommet international sur le thème de la sécurité en Libye s’est tenu à Paris, mardi 12 février. Quinze ministres des Affaires étrangères de différents pays y étaient présents pour débattre de questions brûlantes.

La Turquie, le Royaume-Uni et la France ont proposé à Tripoli d’apporter leur aide sur le plan logistique pour aider le pouvoir central à renforcer son emprise sur ses frontières. L'idée d'une coopération pour surveiller les milliers de kilomètres de désert entre la Libye et les Etats a également été posée sur la table.

Le ministre libyen des Affaires étrangères, Mohamed Abdelaziz, a de son côté reconnu que de nombreux problèmes sécuritaires demeurent en Libye. Et s’il a rejeté l’idée d’un déploiement de forces étrangères pour contrôler les frontières, Mohamed Abdelaziz a accepté la proposition de l’Union européenne de participer à la formation des troupes libyennes.

«Ce que nous demandons, c’est que la communauté internationale nous aide à rebâtir notre armée et nous fournisse des technologies qui nous autorisent à protéger notre pays et nos frontières», a fait savoir Mohamed Abdelaziz à Paris.

Mais ces questions sécuritaires n’empêcheront par les Libyens de fêter les deux ans de la révolution.  «Cet anniversaire sera célébrer dans une atmosphère appropriée», a déclaré le Premier ministre Ali Zeidan. Des feux d'artifices ont déjà illuminé le ciel de Benghazi.

Camille Belsoeur

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Journaliste français.

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