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Rwanda - Lumière sur l'assassinat du président Habyarimana

«Un rapport technique qui fait basculer l’histoire», écrit la journaliste belge Colette Braeckman, spécialiste de l'Afrique, dans son blog. Les conclusions des experts sont tombées le 10 janvier 2012 et donnent une nouvelle lecture de l’attentat qui coûta la vie au président rwandais Juvénal Habyarimana et au président du Burundi Cyprien Ntaryamira le 6 avril 1994 à Kigali. Ce nouveau rapport donne également de nouveaux éléments pour comprendre cet attentat, souvent considéré comme l’évènement déclencheur du génocide rwandais. Depuis 1994, la polémique fait rage sur les auteurs de cet assassinat.

«Selon les experts, qui ont procédé à des analyses balistiques, les tirs qui ont abattu l’appareil provenaient du camp militaire de Kanombe, qui entourait la résidence du chef de l’Etat. Ce camp militaire, étroitement protégé, était le domaine exclusif de la garde présidentielle, composée des fidèles du chef de l’Etat chargés de sa sécurité. Y vivaient aussi des coopérants militaires français chargés de la formation des soldats rwandais et des coopérants militaires belges qui travaillaient à l’hôpital militaire de Kanombe», écrit Colette Braeckman.

Des témoignages concordants ont orienté les experts vers de nouvelles pistes.  

«L’avion du président, lorsque le réservoir de carburant de l’aile gauche a été touché, s’est transformé en une boule de feu. Il est apparu que les missiles sol air SA 16, de fabrication soviétique et tirés à l’épaule, ont été tirés de gauche à droite, et que si le premier a manqué de peu sa cible et s’est autodétruit, le second a touché l’aile gauche de l’appareil», précise Colette Braeckman.

Les tirs provenaient par ailleurs d’un lieu très proche, ce qui fait dire aux experts que les missiles ont été tirés depuis l’intérieur du camp Kanombe, le camp du président rwandais. Ce constat désavoue les précédentes conclusions du juge Bruguière qui incriminaient le clan Kagame (Tutsis). Il avait accusé des militaires du Front patriotique rwandais(FPR) de s’être infiltrés jusque dans la colline Masaka, d’y avoir guetté l’arrivée de l’avion présidentiel et d'avoir tiré les missiles. Ce nouveau rapport remet donc en cause la responsabilité imputée au FPR dans la mort du président rwandais.

Près de 18 ans après les faits, des experts se sont enfin déplacés pour mener une véritable enquête. Ce qui fait dire au quotidien belge Le Soir  qu’il était préférable d’ «aller voir avant d'accuser, se rendre sur place avant de juger, interroger avant de conclure».

Lu sur Le Soir

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