
Elodie Auffray est une journaliste freelance installée en Tunisie.
Ce matin-là, Sabry sèche la troisième audience du procès d'Asma Mahjoub, une nièce de l'ex-Première dame Leïla Trabelsi, poursuivie dans une affaire d'emploi fictif à la compagnie aérienne nationale Tunisair. «De toute façon, ça va encore être reporté», parie-t-il, avant d'en avoir la confirmation, quelques minutes plus tard, par un texto. Sabry a l'habitude de la justice tunisienne: depuis bientôt deux ans, il sillonne les tribunaux.
Le 17 décembre 2010, Mohamed Bouazizi s'immolait par le feu à Sidi Bouzid. Juste devant le palais de ce gouverneur qui avait refusé de l'écouter.
Nizar Bargougui, 24 ans: «La Tunisie, c'est zéro»Nizar Bargougui fait le guide dans les rues mal entretenues du quartier Nour («Lumière»). Les souvenirs encore vifs, il raconte les nuits qui ont agité cette cité populaire de Sidi Bouzid (centre de la Tunisie), il y a deux ans.
Chacun a fait à sa façon. Sur la petite chaîne satellitaire el-Hiwar, le journal a été présenté par une voix off, tandis qu'à l'image s'affichait symboliquement la chaise vide du plateau. Idem à la télé nationale, où le JT de 20h devait se cantonner aux gros titres, sans présentateur. Radio 6 (première radio libre en Tunisie) a diffusé de la musique classique, «parce que les gens n'aiment pas ça», sourit Salah Fourti, l'un des fondateurs de cette station associative.
L'hippodrome de Tunis est quasiment plein, ce samedi soir de septembre. Entre 4.000 et 5.000 personnes sont venues célébrer les noces de vingt-et-un couples. Débarquant du petit train touristique qui les a fait défiler depuis la fameuse avenue Bourguiba jusqu'au champ de course, les époux entrent dans l'arène, puis sont installés sur la scène. A chaque couple son canapé.