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L'islamisation de la France est un mythe

L’islam, objet de tous les fantasmes et paranoïa en France. Un récent sondage publié par le quotidien Le Figaro montrait que pour une majorité de Français, les musulmans étaient «mal intégrés».

Raphaël Liogier, professeur de sociologie à l'IEP d'Aix-en-Provence où il dirige l'Observatoire du religieux, travaille sur cette psychose collective qui fait dire à une partie des Français que leur pays s’islamise. Un mythe qui repose, selon lui, sur plusieurs contre-vérités.

1 — La croissance démographique de la population musulmane serait supérieure à celle des populations «de souche»:

«Et cette croissance aurait trois causes: la fécondité des femmes musulmanes, l'immigration et les conversions à l'islam. Elle aurait aussi une conséquence immédiate: les Européens subissent un «débordement» intentionnel de la part des musulmans; si ces derniers font plus d'enfants que nous, s'ils émigrent en masse, s'ils poussent à la conversion, c'est qu'ils veulent nous étouffer», explique Raphaël Liogier dans les colonnes de l'hebdomadaire Télérama.

Or, dans l’enquête menée conjointement par l'Ined et l'Insee, les chiffres sont nettement revues à la baisse.

La France compterait 2,1 millions de musulmans, «bien loin des 6 millions répétés en boucle», observe Raphaël Liogier. L'idée de la femme musulmane féconde est un mythe dans de nombreux pays musulmans, car la plupart connaissent «une transition démographique».

2 — L’islam serait beaucoup plus visible que par le passé

L'idée que l'islam aurait une plus grande visibilité aujourd'hui que par le passé vient certainement d'une pratique religieuse plus importante chez les musulmans que chez les catholiques.  

«Aujourd'hui, 23 % des musulmans fréquentent un lieu de culte au moins une fois par mois, contre seulement 5 % des catholiques», précise le directeur de l'observatoire religieux.

3 — Ce regain de religiosité serait incompatible avec la République et le symptôme d’un désastre à venir 

RaphaëL Liogier n’y croit pas, car il remarque que les jeunes ne sont pas, dans leur grande majorité, politisés.

«Ils sont dans une foi recomposée, réimaginée, radicale même chez certaines femmes voilées, mais certainement pas dans le sens où ils voudraient transformer la France en société musulmane», insiste Raphaël Liogier.

Les musulmans les plus extrêmes l’ont été, non pas parce qu’ils étaient musulmans mais bien parce qu’ils se sont sentis perdus et lâchés par la société dominante. Raphaël Liogier prend l’exemple des meurtres de Mohammed Merah:

«Déduire de mouvements isolés l'existence d'une solidarité générale entre les Européens musulmans, les Etats arabes et les terroristes islamistes est une erreur aux conséquences tragiques.»

Lu sur Télérama

 

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