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Mise à jour du 26 novembre 2012: La médiation proposée par Alain Juppé a fait long feu. Le maire de Bordeaux, qui rencontrait le 25 novembre François Fillon et Jean-François Copé, a constaté que les conditions qu'il avait posées n'étaient pas en place et a annoncé la fin de sa mission.
Jean-François Copé, président proclamé du parti, s'en remet à la décision de la commission des recours de l'UMP et impute l'échec de la mission Juppé à une absence de légitimité.
François Fillon juge quant à lui que c'est son rival le responsable de cet échec et prévoit de saisir la justice.
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Depuis le dimanche 18 novembre au soir, l’UMP (Union pour un Mouvement Populaire) avait deux présidents, Jean-François-Copé et François Fillon qui revendiquaient la victoire dans les élections internes dans leur parti. La Commission d'organisation et de contrôle des opérations électorales (Cocoe, organe interne indépendant), après avoir recompté les voix, a finalement désigné un vainqueur, Copé l’emporte avec 50,03% des suffrages exprimés et 98 voix d’avance. Mais le vaincu acceptera t-il le verdict?
Pour de nombreux Africains, qui regardent, avec amusement, deux grands chefs blancs se déchirer à l’issue d’un scrutin contesté, ce scénario-catastrophe pour le grand parti de la droite française, en rappelle un autre. Celui de la présidentielle ivoirienne de décembre 2010 où Alassane Ouattara s’était proclamé vainqueur sur la foi d’un décompte validé par la communauté internationale tandis que le président sortant, Laurent Gbagbo se faisait introniser par le conseil constitutionnel qui avait livré un résultat inverse en annulant plusieurs centaines de milliers de voix.
La bataille qui avait suivi le scrutin avait duré plus de trois mois et s’était terminée le 11 avril 2011 avec le bombardement de la résidence présidentielle de Gbagbo et son arrestation.
A l’UMP, se dirige t-on vers une embrouille à l’ivoirienne avec de multiples rebondissements? L’examen minutieux des intérêts et des forces en présence conduit à ne pas exclure une telle hypothèse. Etat des lieux.
1. Deux campagnes électorales exemplaires. En 2010, les Ivoiriens, qui n’avaient pas été conviés à s’exprimer depuis dix ans, s’étaient précipités massivement dans les bureaux de vote. La participation avait dépassé 80%. Dimanche, les militants UMP, qui n’avaient jamais voté pour élire un président, ont fait la queue parfois durant des heures pour déposer leur bulletin dans l’urne.
2. Des soupçons de fraude. En Côte d’Ivoire, Gbagbo avait accusé son adversaire d’avoir massivement bourré les urnes dans la région nord du pays sous le contrôle de l’ex-chef rebelle Guillaume Soro. Dimanche soir, les partisans de Copé ont pointé des bulletins litigieux, non pas dans le nord du pays, mais dans le sud, à Nice précisément, dans le fief du «com-zone» (commandant de zone) Eric Ciotti, un lieutenant de Fillon.
3. Une commission électorale vraiment indépendante ? La CEI qui a donné la victoire à Ouattara était composée majoritairement d’adversaires de Gbagbo. Les partisans de Fillon ne faisaient que «moyennement» confiance, selon l’expression du député filloniste Eric Woertz, à la Cocoe. Le verdict de cette commission au nom mystérieux et exotique, n’a pas dû dissiper leurs doutes.
4. Deux QG. Ouattara s’était retranché au Golf Hotel, au bord de la lagune tandis que Gbagbo, qui avait la mainmise sur l’appareil d’Etat, continuait à régner dans le palais et la résidence présidentielles. Comme l’ex-président ivoirien, Copé dispose de l’appareil (de son parti), d’un siège flambant neuf rue de Vaugirard, dans le 15e arrondissement de Paris. Fillon, qui s’était replié dans des locaux plus modestes rue Saint Dominique dans le 7e arrondissement, pourrait les transformer en bastion de la résistance et en faire un Golf Hotel à la française. Sans la piscine, le soleil et les palmiers.
Philippe Duval
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