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Cameroun: révolte de détenus politiques et séparatistes

Coups de feu, saccage et incendie à la prison centrale de Yaoundé: les forces de sécurité camerounaises sont intervenues dans la nuit de lundi à mardi pour réprimer une révolte de détenus séparatistes et politiques qui protestaient contre leur détention en se filmant via Facebook.

"Il y a eu des tirs toute la nuit. C'était comme un feu d'artifice. Les tirs ont cessé à un moment", a déclaré à l'AFP un riverain, confirmant des informations relayées sur les réseaux sociaux. 

Ces coups de feu tirés par les forces de sécurité visaient à empêcher des détenus de s'évader. Beaucoup se sont révoltés dans la nuit, saccageant et incendiant des services de l'administration pénitentiaire, selon des sources concordantes.  

Mardi matin, les violences semblaient avoir cessé dans la prison, le calme prévalait aux abords du pénitencier, a constaté un journaliste de l'AFP. Un cordon de sécurité tenu par des militaires et policiers était sur place. L'axe menant à l'entrée principale de la prison était bloqué à la circulation. 

Plusieurs détenus ont été blessés, selon des sources proches de l'administration pénitentiaire. Parmi eux, l'ancien Premier ministre, Inoni Ephraïm, et un ancien ministre, Urbain Olenguena Awono, pris pour cible par d'autres détenus.

La radio d'Etat camerounaise, la CRTV, a indiqué qu'il n'y a pas eu de morts ni d'évasions de prisonniers. 

Une vidéo tournée pendant les incidents de la nuit montre des détenus de la zone anglophone exultant après cette mutinerie dont le bilan humain n'était pas connu dans l'immédiat. 

Dans une ambiance crépusculaire, on voit des détenus briser tout ce qui leur tombe sous la main, incendier certains locaux de la prison et chanter l'hymne séparatiste "Ambazonia". L'un deux crie, en anglais: "ils nous tirent dessus, ils veulent nous tuer".

- "Prise de la Bastille" -

Titre de l'une des vidéos:  "Prise de la Bastille, la révolution est proche au Cameroun".

Au matin, certains détenus considérés comme des leaders de la révolte ont été sortis de la prison pour une destination inconnue par les forces de l'ordre.

"Ils ont enlevé Mamadou Mota (premier vice-président du Mouvement pour la renaissance du Cameroun, opposition) et certains anglophones, dont Mancho Bibixy, pour un lieu inconnu. Nous ne savons pas combien de personnes au total ont été sorties de la prison. Nous cherchons encore combien ils sont", a déclaré à l'AFP Me Christopher Ndong, secrétaire général du MRC et avocat de plusieurs détenus anglophones. 

Beaucoup de détenus de la prison centrale de Yaoundé, opposants politiques et séparatistes anglophones, avaient commencé à manifester lundi après-midi, diffusant en direct sur Facebook leurs revendications, portant autant sur le changement de leur ration alimentaire que sur leur exigence de libération.

"Nous ne voulons plus manger de maïs en bouillie", avait lancé, sous les applaudissements,  Mamadou Mota, interpellé en juin puis écroué. 

Dans une autre vidéo, on aperçoit des figures de la contestation anglophone comme Mancho Bibixy, interpellé dès l'éclatement du mouvement en 2016 puis condamné à 15 ans de prison pour "terrorisme". 

Connue sous le nom de Kondengui, la prison centrale de Yaoundé est surpeuplée. Prévue pour 1.500 personnes, elle en accueille environ 5.000, selon les estimations.

De nombreux militants de la cause anglophone arrêtés parfois dès l'éclatement de la crise en 2016 y sont incacérés. Certains ont été condamnés à de lourdes peines de prison, d'autres attendent toujours d'être jugés.

Les régions anglophones du du Nord-Ouest et du Sud-Ouest sont confrontées à une violente crise socio-politique depuis près de trois ans qui a dégénéré en conflit armé, soldats et séparatistes s'affrontant régulièrement. 

Outre cette crise, le Cameroun fait face à des tensions politiques depuis la tenue de la présidentielle d'octobre 2018. 

Les résultats de ce scrutin remporté par Paul Biya, 86 ans et au pouvoir depuis 1982, sont contestés par le principal opposant, Maurice Kamto, classé officiellement deuxième au terme de cette élection. M. Kamto est écroué depuis janvier, de même qu'une multitude de ses partisans et soutiens, arrêtés à la même période que lui et les mois suivants.

Julius Ayuk Tabe, président autoproclamé de l'Ambazonie, et Maurice Kamto sont incarcérés dans une prison voisine de celle où les incidents ont éclaté.

rek-jpc/cma/stb

AFP

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