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L'Afrique n'a pas confiance en la Cour pénale internationale
Haute juridiction à rayonnement international, la Cour pénale internationale (CPI) semble souffrir d’un certain manque de crédibilité, particulièrement en Afrique.
Au-delà des rengaines classiques sur les procédures coûteuses qui traînent en longueur, certains pays ne croient plus en l’utilité ni en l’efficacité d’une telle structure.
Le tribunal international de La Haye (Pays-Bas), est présenté par le journal The Economist comme «L’assise internationale compétente pour les cas de génocide, de crimes de guerre et autres affaires sensibles. Certains problèmes de la Cour pénale internationale remontent à loin. De grands pays tels que la Chine, l’Inde et la Russie n’en ont pas signé les textes fondateurs. Les Etats-Unis ne les ont pas ratifiés non plus (bien qu’ils la soutiennent d’une manière implicite).»
Face aux difficultés à trouver sa place au sein des rouages complexes de la diplomatie internationale, «la CPI est parfois vue comme un simple pion dans l’échiquier des puissances internationales».
Un autre article de The Economist relate le procès du chef d’Etat soudanais Omar el-Béchir, qui a évité une procédure de mise en accusation pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité lors des exactions commises au Darfour depuis 2003.
«Le pire est qu'Omar el-Béchir et certains de ses collaborateurs ont réussi à rallier l’opinion contre le Tribunal, en affirmant que ses membres n’étaient rien de plus que des néo-impérialistes qui représentent la justice des blancs. En outre, Omar el-Béchir s’est servi des charges de la Cour pénale internationale à son encontre pour s'imposer comme un héros du nationalisme africain pendant sa campagne électorale d’avril 2010.»
Luis Moreno-Ocampo, procureur général de La Haye, estime que «Le Tribunal n’arrive pas à s’imposer en Afrique». Un paradoxe qui pose problème, étant donné que 30 des 53 pays du continent noir ont officiellement reconnu la légitimité de la CPI.
Si les Africains doutent de ses compétences, c'est à cause des difficultés qu'elle rencontre dans la conduite de certaines affaires délicates jusqu'à leur terme, particulièrement quand il s'agit de génocides —à l'instar du procès de Jean-Pierre Bemba.
Ancien vice-président de la République Démocratique du Congo, son procès a commencé le 22 novembre 2010 pour des faits qui remonteraient à 2002. Incriminé pour des atrocités commises par ses hommes en Centrafrique, nombre de ses complices étaient aux abonnés absents sur le banc des accusés.
Et l’image un peu guindée et inaccessible que renvoie la Cour pénale internationale ne joue pas en sa faveur. D’où l’idée de certains militants des droits de l’Homme en Afrique, comme la nigériane Oby Nwankwo, leader d’un think-tank juridique, de «démystifier la haute juridiction en Afrique», afin de la rendre plus accessible.
«Les juges de la Cour pénale internationale pourraient aller travailler dans des tribunaux nationaux (...) pour mieux faire connaître le travail de la CPI. La Cour est d’ailleurs sur le point d’ouvrir un bureau de liaison à Addis-Abeba, le siège de l’Union africaine. Pourquoi ne pas en ouvrir d’autres en Afrique pour promouvoir son travail?»
Lu sur The Economist, RFI, FIDH