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Web in the Wild, by fdecomite via Flickr CC.
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En Afrique, les bookmakers percent la Toile

Alors qu'en Afrique anglo-saxonne, le phénomène des bookmakers prend de l'ampleur, les Francophones, eux, sont à la traîne.

C'est une discipline qui était jusque-là épargnée. Mais, depuis le 30 septembre, le handball français connaît son premier scandale.

Sa star Nikola Karabatic, son frère Luka, et plusieurs coéquipiers du club de Montpellier sont mis en cause dans une affaire de paris suspects.

Dans le cas des Montpelliérains, on parle de paris en dur (des paris physiques). Mais le pari en ligne semble s'imposer progressivement sur le Vieux Continent.

Et l'Afrique n'échappe pas au phénomène. Dans certains pays, les bookmakers sont légion sur le Web. L'héritage colonial pourrait en partie expliquer cette tendance.

Une tradition so british

Le Royaume-Uni est le berceau du pari sportif, les bookmakers y ont fait leur premiers pas. Quentin Toulemonde vit à Londres. Auteur du livre Les paris en ligne: comprendre, jouer, gagner, ce dernier est un ancien bookmaker.  

«Le pari fait parti de la vie britannique», explique le Français.

Dans les années 2000, les bookmakers investissent le Web, le marché du pari en ligne se développe. Afin de réguler cette nouvelle activité, le parlement vote le Gambling Act en 2005.  

«Pour l'Etat, l'intérêt d'avoir une loi c'est de pouvoir contrôler ce qui se passe. Tant que vous n'avez pas de loi, vous n'avez pas de cadre fiscal, donc vous ne touchez rien.» 

Les bookmakers britanniques sont taxés à hauteur de 15%. Une manne non-négligeable pour le gouvernement, quand on sait que les paris en ligne génèrent plusieurs milliards d'euros.

Sans surprise, c'est dans les anciennes colonies britanniques, empreintes de la culture anglo-saxonne, que l'on retrouve l'essentiel des sites de paris en ligne.

L'Afrique du Sud reste le pays le plus actif dans le secteur. Africanbettingclan, Sportingbet, Mbet, les bookmakers ne manquent pas. Bien implantés dans leur pays, les sites de paris ont à cœur d'étendre leur activité.

En 2012, le Sud-Africain Voltbelt décide de s'installer en Ouganda et en Tanzanie. Et le bookmaker ne compte pas s'arrêter là. Selon le site How We Made It In Africa, Voltbet souhaite également imposer sa marque en Zambie, le Zimbabwe, le Mozambique, le Malawi et le Rwanda.

L'Afrique francophone à la traîne

En France, il faut attendre 2010 pour voir les sites de paris en ligne se libéraliser. Auparavant, la Française des Jeux (FDJ) et le Pari mutuel urbain (PMU) jouissaient d'un monopole sur le marché des paris sportifs et hippiques.

Contrairement à la Grande-Bretagne, la France n'a pas la culture du pari. Et sans l'intervention de Bruxelles, le pays n'aurait pas procédé à la libéralisation du marché.

«L'ouverture des marchés des paris sportifs en ligne n'est pas une volonté propre de la France. C'est la Commission européenne qui lui a demandé de réguler son marché des paris à cause de la loi européenne», rappelle Quentin Toulemonde.

Outre l'aspect culturel, la France ne dispose pas des mêmes conditions fiscales que son voisin d'Outre-Manche.  

«Le régime fiscal est beaucoup plus léger en Grande-Bretagne.»

Les paris sportifs en ligne sont taxés à 8,5% dans l'Hexagone. Mais si, en Grande-Bretagne, le gouvernement prélève sur le Produit brut des jeux (PBJ) la différence entre les mises des joueurs et les gains versés par l'opérateur, en France, l'Etat prend de l'argent sur les mises.

Une situation qui n'arrange pas les bookmakers français. Deux ans après l'ouverture à la concurrence du pari en ligne en France, le bilan est mitigé, voire «décevant».

En Afrique francophone, le secteur du paris en ligne est quasi-inexistant. Nombre de pays dispose de leur loterie nationale, à l'instar de la Société des jeux du Cameroun (Sojecam) et de la Loterie nationale du Togo (Lonato) mais leurs activités se limitent au pari en dur.

En janvier 2012, la Loterie nationale de Côte d'Ivoire (Lonaci) a lancé son nouveau produit de paris sportifs, Sportcash, mais pour l'instant, «on ne peut pas parier sur Internet».

En Côte d'Ivoire, comme dans d'autres pays d'Afrique francophone, le marché du pari en ligne est récent. Pour les opérateurs nationaux, l'objectif principal est de s'imposer durablement sur le pari en dur. A terme, la Lonaci compte investir le Web.

Avec un chiffre d'affaire évalué à 258 millions de francs CFA (393.318 euros) au premier semestre 2012, le marché des paris sportifs en ligne s'annonce prometteur en Côte d'Ivoire, même chose du côté des pays voisins.

Sur la Toile, les parieurs africains attendent son arrivée avec impatience.

En plus du cadre légal, qui doit clairement être établi, l'arrivée des investisseurs passe par un accès facile à Internet et aux moyens de paiements.  

«La population doit avoir les infrastructures pour accéder aux paris sportifs», explique Quentin Toulemonde.

Côté sport, une discipline va rafler l'essentiel des mises.

Grosse cote pour le football

En Afrique, le ballon rond est roi. Un élément que les bookmakers ont bien compris. Tout opérateur désireux d'investir le marché africain doit miser sur le football.

Sur le marché du pari en dur, le sport le plus populaire du monde prend déjà une place importante.

«Le football constitue plus de 50% du chiffre d'affaires des paris sportifs», indique une responsable de la Lonaci.

Les grands événements sportifs peuvent également permettre de se lancer. En 2010, le groupe Victor Chandler International décide de s'implanter en Afrique du sud quelques mois avant la Coupe du monde.

Pour Paul Louis, directeur des opérations, l'objectif était de «devenir une marque leader» dans le pays avant le début de la compétition.

La même année, BetClic s'associe à la Coupe d'Afrique des nations disputée en Angola. Même si l'opérateur n'a «pas d'activité en Afrique actuellement», ce partenariat était un bon moyen de se faire connaître sur le continent.

Du 19 janvier au 10 février 2013, l'Afrique du Sud accueillera la 29e édition de la CAN. Une compétition qui, à l'image de la Coupe du monde «peut être un bon vecteur pour ouvrir le marché», estime Quentin Toulemonde.

A l'instae des pays anglophones, l'Afrique francophone succombera très prochainement à la fièvre du jeu en ligne. On parie?

Jacques-Alexandre Essosso

 

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Jacques-Alexandre Essosso

Journaliste à SlateAfrique.

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