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Guinée - Trois années d'impunité après le massacre du stade de Conakry

Triste anniversaire que fêtera la Guinée le 28 septembre. Il y a trois ans, jour pour jour, le rassemblement pacifique de milliers de Guinéens au stade de Conakry pour un meeting politique a basculé dans l’horreur, rapporte Human Rights Watch.

Plusieurs centaines de membres des forces de sécurité de Guinée ont fait irruption dans le stade et ouvert le feu.

À la fin de l’après-midi, au moins 150 Guinéens gisaient morts ou mourant, et des dizaines de femmes avaient subi des violences sexuelles brutales, y compris des viols individuels ou collectifs.

Amnesty International a recueilli les témoignages de 34 d’entre elles. L’une raconte:

«J’ai vu deux Bérets rouges maintenir une femme à terre. Un autre a mis un fusil dans son vagin, puis a tiré. On m’a dit «si tu n’obéis pas, je te fais pareil».

Certaines ont été emmenées dans un camp militaire ou dans des villas, droguées et violentées pendant plusieurs jours.

«Ils se servaient de moi comme on se sert au buffet», a témoigné une victime. 

«Il serait temps pour les victimes et les proches de ceux qui ont perdu la vie de voir les auteurs des crimes atroces du 28 septembre 2009 être obligés de répondre de leurs actes», a déclaré Elise Keppler, juriste senior au programme Justice internationale de Human Rights Watch.

«De plus, l’absence continuelle de mesures de la part de l’État visant à poursuivre les violateurs des droits humains responsables de plusieurs décennies de répression en Guinée a encouragé d'autres abus.»

En février 2010, un comité national de juges a été nommé pour enquêter sur les crimes du 28 septembre. Le comité a fait d’importants progrès dans le cadre de l’enquête, notamment en interrogeant plus de 200 victimes, a expliqué Human Rights Watch.

Des poursuites ont été engagées contre au moins sept personnes en lien avec les crimes: il s’agit, entre autres, de Moussa Tiégboro Camara, le ministre guinéen actuel en charge de la Lutte contre le trafic de drogue et le crime organisé et, plus récemment, du colonel Abdoulaye Cherif Diaby, qui était ministre de la Santé de Guinée à l’époque des faits.

Mais les principaux suspects n’ont pas été démis de leurs fonctions:

«La Guinée envoie un terrible message aux victimes en permettant aux principaux suspects de rester en fonction au gouvernement d’où ils peuvent influencer l’enquête», a précisé Elise Keppler.

«Alors que les juges d’instruction ont fait quelques progrès dans l’enquête, ils doivent être davantage soutenus par le gouvernement guinéen afin de mettre un terme au cycle d’abus et d’instaurer le respect de la règle de droit en Guinée

Lu sur Human Rights Watch

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