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Vers un nouveau choc des civilisations?
Entre le souci américain de respecter à toute force la liberté d'expression et la radicalisation d'une partie du monde musulman, un terrain d'entente devient de plus en plus difficile. L'avenir s'assombrit.
Il ne fait pas bon être Américain dans le septentrion de l’Afrique qui, depuis l’avènement du printemps arabe, est sous contrôle des islamistes.
En effet, pendant que des manifestants arrachaient et incendiaient le drapeau de l’ambassade américaine au Caire en Egypte, des salafistes s’en prenaient violemment au consulat américain de Benghazi où, dans leur furie, ils ont fini par envoyer ad patres l'ambassadeur, Christopher Stevens, et trois autres fonctionnaires américains.
D’où vient ce sentiment de haine soudain dirigé contre des ressortissants d’un pays dont le président, on s’en souvient, a tant prôné le dialogue avec le monde musulman?
«L’Innocence des musulmans»
L’étincelle, pour tout dire, est partie d’un film américain à petit budget qui met en scène et de façon négative, dit-on, le prophète Mahomet.
L’Innocence des musulmans de l’Israélo-américain Sam Bacile a irrité les salafistes égyptiens soutenus par leurs confrères libyens qui ont estimé qu’au-delà de l’outrage fait au prophète Mahomet, la mise en ligne d’un tel film n’est ni plus ni moins que de la pure provocation.
Et rien qu’à considérer le titre du film, on peut bien se permettre de deviner les intentions de son auteur qui, rappelons-le, n’est pas non plus à son premier coup d’essai.
Déflagration aux conséquences incalculables
Oh que diantre! On croyait pourtant que le monde entier avait tiré suffisamment leçon des manifestations violentes qu’avait suscitées la publication des caricatures du prophète Mahomet et qui avaient failli plonger le monde dans une déflagration aux conséquences incalculables.
Mais, il s’en trouve toujours des gens qui, au nom de la liberté d’expression, pensent qu’ils peuvent tout se permettre, mettant ainsi en péril la vie de leurs compatriotes.
Pourquoi réveiller un lion blessé qui dort? La liberté d’expression ne doit pas permettre aux uns de porter atteinte aux mœurs et aux croyances des autres.
En tout cas, ces derniers événements en date, qui ont coûté la vie à un diplomate américain, prouvent à suffisance que quelque chose doit être fait. Mais comment?
Toute la question est là, l’Amérique faisant de la liberté d’expression le socle majeur de sa démocratie, voire de son existence.
En tout état de cause, les autorités américaines ont intérêt à contrôler la fameuse liberté d’expression pour que plus jamais, l’acte d’aucun illuminé ne porte préjudice aux innocents ressortissants américains dans le monde arabe.
C’est un défi majeur qu’il faut nécessairement relever, pour éviter des dérapages. Les comportements irresponsables doivent être sanctionnés, si tant est que les Etats-Unis veuillent rester en phase avec le monde extérieur, notamment le monde arabe.
Le jeu en vaut la chandelle si l’on veut éviter une nouvelle guerre mondiale. Bien inutile.
Boundi Ouoba (Le pays)
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