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Il a 56 ans, il s’appelle Hassan Cheikh Mohamud. Depuis le 10 septembre, il est le nouveau président de la Somalie.
Après deux tours de scrutin, il a devancé le président de la transition Sharif Cheikh Ahmed.
L’universitaire a en effet recueilli 190 voix contre 79 pour son adversaire. En bon perdant, l’ancien président a félicité son successeur en lui assurant son soutien pour ce mandat démocratique.
Celui-ci marque d’une certaine façon le retour à l’ordre constitutionnel. En effet, après près de deux décennies de guerre et d’instabilité entretenues ces dernières années par les extrémistes islamistes, les shebabs avaient obligé le gouvernement transitoire à l’exil.
Cette fois-ci, les représentants du peuple somalien ont désigné, par l’expression du suffrage indirect, Hassan Cheikh Mohamud.
Celui-ci n’aura pas besoin seulement de l’appui de son prédécesseur. Il aura besoin de celui de tous les Somaliens épris de paix. Et surtout qui en ont assez de souffrir le martyre de la communauté internationale.
Elle qui, depuis 20 ans, malgré les difficultés, a maintenu une force internationale à Mogadiscio, afin de maintenir en vie ce qui restait de l’Etat somalien face au rouleau compresseur des shebbab.
L’élection du président est en soi une victoire de la résistance, une victoire de la démocratie contre l’anarchie. Elle a été acquise à coups de morts et de milliards.
Mais, au regard de la justesse de la cause, ces sacrifices étaient nécessaires. La Somalie vit un moment important de son histoire.
Désormais doté d’un exécutif légitimé, le pays va apprendre à se gérer et les défis sont énormes: contenir les shebabs et pacifier le pays, poursuivre la mise en place des institutions démocratiques, reconstruire un pays dévasté par la guerre.
Cette présidence qu’il a ravie par rejet de l’ancien président de la transition ne sera pas une partie de plaisir. Loin s’en faut.
Il lui faudra conjuguer plusieurs talents à la fois: celui de rassembleur et de bâtisseur pour sortir le pays de 21 ans de léthargie, celui de négociateur pour intégrer tous les shebbabs dans un processus de paix. Et enfin celui de chef militaire, s’il le faut, pour protéger ce pays.
Cette situation n’est pas sans rappeler celle de la Côte d’ivoire à cette exception qu’on ne voit pas bien les ressources sur lesquelles Mogadiscio va s’appuyer pour relancer son économie, caractérisée par le népotisme et la corruption.
Tout est à refaire, ce n’est pas seulement un nouvel Etat qu’il faut reconstruire, il s’agit également de profiler le Somalien nouveau. Le président élu a donc du pain sur la planche.
Abdoulaye Tao (Le Pays)
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