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Après le printemps arabe, la dictature des barbus
Par la voie des urnes ou celle des armes les «fous d'Allah» s'installent, de façon inquiétante, du Caire à Tombouctou.
Après avoir versé leur sang pour déboulonner leurs autocrates de dirigeants, les Maghrébis croyaient avoir définitivement tourné la page des dictatures.
Que nenni! Ils doivent désormais subir la loi des islamistes radicaux.
En Egypte, en Tunisie et en Libye, les actes posés au quotidien par des groupuscules islamistes n’incitent pas à l’optimisme.
De la dictature des monarques à celle des barbus
Censure des médias, agression de personnes, interdiction d’activités culturelles, destruction de mausolées, modification de lois, etc. sont autant de blessures à l’Etat de droit.
Certes, personne ne peut nier le caractère islamique de ces pays et le fait que la nouvelle démocratie doit en tenir compte.
Mais, à l’allure où vont les choses, on a plutôt l’impression d’avoir quitté la dictature des monarques pour tomber dans celle des barbus.
Ce n’est sans doute pas ce pour quoi s’est battue la majorité des peuples lors du printemps arabe. Ils veulent d’une cohabitation apaisée entre l’Etat et la religion et non d’un mélange des genres qui ne peut qu’aboutir à des dérives.
C’était mieux avant?
Le plus drôle dans ces dérives islamistes, c’est qu’elles font regretter malgré tout, le temps des dictateurs.
Sous Ben Ali, Moubarak et Kadhafi, les intégristes étaient tenus bien en laisse. On ne voyait pas ces démonstrations d’intolérance, même si, en désespoir de cause, certains intégristes utilisaient la voie des attentats.
Les dictateurs avaient au moins le mérite d’avoir su instaurer des régimes laïcs, bien sûr pour non seulement contrôler les islamistes, mais aussi bénéficier des bonnes grâces de l’Occident.
C’était en fait pour leur propre survie politique et non pour le bien du peuple. Mais, c’était toujours préférable aux scènes que l’on vit ces temps-ci de Tunis à Tripoli en passant par Le Caire.
Cette montée de l’islamisme radical ne fait pas que du tort aux nations arabes d’Afrique du nord qui commençaient à goûter aux saveurs de la démocratie.
Sahel et Sahara, même combat
Elle s’étend jusqu’au Sahel malien avec le règne des partisans d’Aqmi, d’Ansar Dine et autres Mujao.
Tous ont la même vision d’un islam radical qui ne s’accommode pas de la démocratie. En fait, du Sahara au Sahel, les barbus sont en train d’installer leur imperium.
C’est dire que le combat n’est pas achevé pour les démocrates, en Afrique du Nord comme dans les pays sahéliens.
Ils peuvent compter d’ailleurs sur la grande majorité des musulmans de ces pays qui n’aspirent qu’à vivre en paix et en harmonie avec leurs compatriotes et les autres peuples du monde.
Mais, cela suffira-t-il face à des groupes certes minoritaires mais extrêmement déterminés et prêts à tout pour imposer leur vision?
C’est l’enjeu des futures batailles politiques et idéologiques.
Mahorou Kanazoé (Le Pays)
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