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Côte d’Ivoire: Ironie pro-Gbagbo
Pour Venance Konan, les partisans de l'ancien président ivoirien rejettent toute la responsabilité de la crise postélectorale sur le camp adverse.
«Il n’y aura pas de réconciliation dans ce pays, tant que Gbagbo ne sera pas revenu, ici.»
Cela, nous vous le répétons depuis plus d’un an; mais, apparemment, vous ne nous entendez pas. Ou, si vous nous entendez, vous ne nous comprenez pas.
Et pourtant, ce que nous disons est si simple à comprendre: il n’y aura pas de réconciliation dans ce pays, tant que Laurent Gbagbo ne sera pas revenu chez lui, libre et réinstallé au pouvoir.
Pour nous, celui qui a gagné l’élection présidentielle de 2010 s’appelle Laurent Gbagbo. Et vous ne nous convaincrez jamais du contraire. Parce que notre Constitution, le seul texte auquel nous nous référons, énonce que c’est ce que le président du Conseil constitutionnel dit qui compte.
C’est vous les responsables de la guerre
Et ce dernier a bien proclamé que Laurent Gbagbo était le vainqueur de l’élection. Point final pour nous. Tout le reste ne nous concerne plus.
Vous vous référez à une certaine certification du Représentant spécial du Secrétaire général de l’Onu.
D’un, nous ne reconnaissons pas à ce dernier le droit de se mêler de nos affaires électorales; et, de deux, pour nous, certifier signifie confirmer ce que le Conseil constitutionnel a dit et non l’infirmer. Je sais que vous avez votre lecture à vous de toute cette histoire.
Selon vous, vous avez gagné, et en refusant de reconnaître votre victoire, nous nous sommes rendus responsables de la guerre qui a suivi; et, par conséquent, nous devrions demander pardon.
Selon nous, nous avions gagné, et comme vous vouliez nous déloger par la force, vous avez déclenché la guerre et nous avons dû résister.
Donc, c’est vous les responsables de la guerre; et, si quelqu’un doit demander pardon, c’est bien vous. À chacun sa lecture.
Mais je ne sais pas pourquoi vous voulez que nous acceptions votre lecture des faits, lorsque vous refusez la nôtre.
Accepter la vôtre, c’est reconnaître que vous avez raison de nous arrêter, de nous détenir, de nous poursuivre en justice, et de nous laisser vivre dans la galère des camps de réfugiés à l’étranger, pendant que vous mangez bien ici et dormez tranquillement dans vos maisons.
Pourquoi voulez-vous que nous vous concédions cela?
Votre réconciliation ne nous concerne pas
Que chacun reste donc dans sa logique! Pour nous, vous avez été désigné vainqueur de l’élection de manière totalement illégale et illégitime.
Ensuite, dans la logique de cette illégitimité, une force étrangère a capturé celui qui avait la légitimité du pouvoir pour vous y installer. Donc, pour nous, votre pouvoir est totalement illégitime.
Dès lors, nous avons le devoir de le combattre par tous les moyens. Je dis bien par tous les moyens. Et ce combat est légitime. J’espère que je me suis bien fait comprendre, cette fois-ci.
Vous comprenez donc que nous ne nous sentons nullement concernés par vos histoires de réconciliation. S’il s’agit de se serrer la main et de s’asseoir pour causer, cela ne nous coûte rien et ne nous engage à rien.
Mais nous vous le disons tous les jours à haute voix, et nous le répétons à tous nos meetings, nous le disons à tous nos militants qui sont d’accord avec nous, il n’y aura pas de réconciliation dans ce pays, en tout cas pas avec nous, tant que Laurent Gbagbo ne sera pas revenu et réinstallé dans son fauteuil présidentiel.
Si vous êtes sourds, c’est votre problème.
Vous me direz que son retour ne dépend plus de vous. C’est votre affaire. Vous avez commis le crime de le faire partir à La Haye, et tant qu’il ne sera pas de retour, vous paierez ce forfait.
La guerre n’est pas finie
Peu nous importe que vous construisiez des routes, des ponts, des universités; que vous fassiez annuler nos dettes, que la Banque africaine de développement revienne, que les investisseurs se bousculent à vos portes; pour nous, tout cela est illégitime parce que l’œuvre d’un pouvoir illégitime.
Nous sommes donc légitimés à détruire tout ce que vous faites et vous combattre par tous les moyens. Je répète encore, par tous les moyens. Donc, ce que vous voyez, en ce moment, est… petit.
On crée une commission «vérité et réconciliation» lorsque la guerre est finie. Or, pour nous, la guerre n’est pas finie du tout. Alors là, pas du tout!
Vous avez gagné une bataille grâce à l’appui de la communauté internationale. Mais nous savons que Dieu est avec nous, et, s’il est avec nous, qui peut être contre nous?
Les Juifs avaient bien été déportés à Babylone. Mais ils sont revenus en Israël et ils ont reconstruit leur temple. Nos prophètes nous l’ont dit: nous reviendrons nous installer dans notre fauteuil, avec vos têtes sur des pieux, tout autour.
C’est alors à ce moment-là, et seulement à ce moment-là, que nous pourrons parler de réconciliation.
Venance Konan (Fraternité Matin)
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