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La place Jamaa el-Fna à Marrakech © Jorge Lascar/Flickr/CC
La place Jamaa el-Fna à Marrakech © Jorge Lascar/Flickr/CC

Ces fous de Dieu marocains qui ne disent pas leur nom

L'hebdomadaire Actuel s'inquiète d'une série d'événements, en apparence anecdotiques, mais qui reflètent une «dérive».

Trois ou quatre événements en apparence anecdotiques se sont succédé sans liens apparents.

C’est leur juxtaposition qui est inquiétante et révélatrice d’un pays qui se laisse lentement dériver.

D’abord, à Tiznit, un individu à vélo s’amuse à taillader, à l’aide d’un cutter, les fesses des jeunes filles dont les tenues, jeans ou jupe, ne sont pas assez halal à ses yeux.

La violence du procédé laisse penser à un malade mental. Ou simplement à un de ces fous... de Dieu qui s’érigent en milice de la vertu, comme il en existe dans tant d’autres pays.

Pas d'alcool, même pour les étrangers

Un autre signe inquiétant nous vient de toutes les villes du Royaume. Contrairement à ce qui se pratique depuis des lustres, cette année, la quasi-totalité des commerçants refusent de vendre de l’alcool aux étrangers pendant le ramadan.

A l’origine de ces décisions, une circulaire du ministère de l’Intérieur, telle qu’il en existe tous les ans.

Comme il n’est pas spécifié dans ce texte que la vente est autorisée pour les non-musulmans, les commerces, par prudence envers le gouvernement islamiste, préfèrent s’abstenir d’ouvrir le rideau...

Voilà une bonne nouvelle pour notre attractivité touristique et notre image de pays ouvert et tolérant.

Vous voulez une autre bonne nouvelle pour notre tourisme et notre image auprès des médias étrangers? 

Selon nos informations, jusqu'à il ya peu de temps, l’équipe d’une émission française de téléréalité n’avait toujours pas obtenu son autorisation de tourner à Marrakech.

Pourtant, les producteurs s’étaient engagés à ce qu’il n’y ait pas de scènes olé olé pendant le tournage dans des lieux d’ailleurs clos, même pas un bisou...

Mais sans refuser expressément l’autorisation, le ministère de la Communication ne l’a pas accordée, occasionnant ainsi des millions d’euros de perte pour la production ainsi que pour les prestataires à Marrakech, et privant la ville ocre d’une heure de promotion gratuite sur une chaîne de grande écoute en France.

Les matraques sont de sortie

Rien à voir avec ce qui précède mais tout est finalement lié. Cette semaine toujours, les manifestants du mouvement du 20-Février sont soudain sortis du bois pour rencontrer... des matraques.

Des arrestations en chaîne ont suivi et certains militants interpellés dénoncent des sévices qu’on voudrait croire d’un autre âge.

Mais à quoi sert donc cette nouvelle Constitution et ces avancées démocratiques que le roi a voulues si nous reculons? On marche sur la tête!

Le Maroc pourrait se passer de ces retours vers le passé, de ces réflexes sécuritaires inutiles, de ces emprisonnements de rappeurs ou de blogueurs inconnus jusqu’à leur incarcération et à qui on procure une notoriété qu’ils n’auraient jamais eue.

Hélas, des commerçants aux forces de l’ordre, l’excès de zèle est en passe de devenir le nouveau mot d’ordre du pays.

On se veut plus royaliste que le roi, et Dieu a des serviteurs qui se prennent pour lui. La liberté que l’on octroie sert aujourd’hui à briser celle des autres.

Peut-être faudrait-il donner le mode d’emploi de la Constitution à nos gouvernants...  et à tous les gouvernés qui l’ont si massivement approuvée!

Cet article a été initialement publié sur Actuel

 

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