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Madagascar: mutinerie sur une base proche de l'aéroport d'Antananarivo

Des tirs ont été entendus dimanche matin en provenance de la base militaire d'Ivato proche de l'aéroport international d'Antananarivo, où les vols ont été suspendus, le ministre malgache des Forces armées indiquant qu'il s'agissait d'une mutinerie.
Les tirs ont été entendus à partir de 6h00 locales (3h00 GMT).
Ils ont provisoirement cessé avant 10h00 locales (7h00 GMT), mais de nouveaux tirs sporadiques ont à nouveau été entendus à plusieurs reprises ensuite, a constaté une correspondante de l'AFP qui a pu s'approcher de la base militaire où se trouve le régiment des forces d'intervention (RFI), sans y entrer toutefois.
Des dizaines de badauds, venus aux nouvelles, ont fui en entendant les nouveaux tirs.
"Ce matin, il y a eu effectivement une mutinerie fomentée par quelques éléments. Le chef d'Etat-major a pris les choses en main", a déclaré à l'AFP le ministre des Forces Armées, André Lucien Rakotoarimasy, joint au téléphone.
"C'est en cours, on ne sait rien pour le moment de ce qu'ils veulent", a-t-il ajouté, sans vouloir préciser le nombre de mutins.
Les mutins n'ont fait connaître aucune revendication ni publié de déclarations.
Leur chef est le caporal Koto Mainty, dit "caporal black", a indiqué un ancien du régiment à un autre journaliste de l'AFP, qui a aussi affirmé que les mutins étaient des jeunes recrues.
Ces violences interviennent alors que les deux principaux protagonistes de la crise malgache, l'ancien président déchu Marc Ravalomanana, 62 ans, et Andry Rajoelina, 38 ans président de fait du régime de Transition, doivent en principe négocier au sommet mercredi.
Ce face-à-face à huis-clos est prévu aux Seychelles et les médiateurs de l'Afrique australe (SADC) espèrent qu'il sera décisif pour sortir de l'impasse.
La rencontre n'a pas été annoncée officiellement par la SADC, ni par aucune des parties mais confirmée par de nombreuses sources concordantes.
A propos de la mutinerie, une source diplomatique, jointe par l'AFP, a évoqué une possible mise en scène destinée à impressionner la communauté internationale et à perturber la rencontre entre MM. Rajoelina et Ravalomanana.
Madagascar est en crise depuis le renversement début 2009 de M. Ravalomanana par son jeune opposant d'alors aidé par l'armée, M. Rajoelina, surnommé "TGV" pour son tempérament fonceur et maire d'Antananarivo à l'époque.
Le retour et l'éventuelle participation de l'ex-président à la future élection présidentielle restent les principaux obstacles à la résolution de la crise.
Tandis que M. Ravalomanana vit en exil en Afrique du Sud depuis 2009, les grèves se multiplient et des manifestations contre le régime en place ont vu le jour. Le gouvernement d'union nationale créé en novembre 2011 est perturbé par de nombreux blocages.
Une tentative de coup d'Etat avait eu lieu à Madagascar novembre 2010 débutant par une mutinerie sur la même base aéronavale d'Ivato au moment du référendum constitutionnel organisé par la Transition.
De hauts-gradés de l'armée ont été condamnés en mars dernier pour ces faits, dont le lieutenant-colonel Charles Andrianasoavina condamné aux travaux forcés à perpétuité et qui en 2009 était du côté de M.Rajoelina.