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La Côte d'Ivoire malmène ses rastas (VIDEO)
Le Village rasta vient de disparaître. A un peu plus de 17
kilomètres au sud d’Abidjan, sur la côte, les autorités ivoiriennes, armées de
bulldozers, ont détruit le Village rasta de Port-Bouët, le 11 juillet dernier.
Selon le site d’information néerlandais RNW, n’auraient été épargnées que quelques
fresques murales à la gloire de chanteurs reggae. Maigres témoignages de ce que
fut le village rasta.
Fondé à la fin des années 90 par des Ivoiriens marginalisés
dans la capitale économique du pays, le Village rasta continuait d’accueillir,
jusqu’à sa destruction, toujours plus d'habitants. Les rastafaris forment un mouvement messianique basée essentiellement sur l'Ancien Testament et né en Jamaïque. Ils vénèrent le dernier empereur éthiopien, Haïlé
Sélassié qu'il considère comme le nouveau Messie et a régné sur l’empire d’Ethiopie jusqu’en 1974.
«C’est un crime contre
nous les rastas, un crime contre une minorité pacifique. Notre communauté est
un exemple d’union. Nous ne connaissons ni divisions politiques ni querelles,
et nous prônons la paix et l’amour», affirme Joseph Naba 29 ans, à RNW.
Koko Shenko, artiste peintre rastafari, ajoute que la
destruction de son Village «n’est pas
seulement un crime contre la communauté rasta en Côte d’Ivoire, c’est un crime
contre la culture universelle».
Les habitants du village, qui arborent tous de longues
dreadlocks, accusent le gouvernement d’avoir vendu leur territoire à
un homme d’affaire libanais, un certain M. Zaher. «Une pratique courante en Côte d’Ivoire, où
plusieurs parcelles habitées ont été cédées au plus offrant et où la
contestation des riverains a été soit étouffée soit matée», rapporte RNW.
Les habitants ne veulent pas se laisser faire, et encore
moins quitter leur communauté. Ce qu’explique Fatoumata Traoré, alias Mama
Africa, qui vit au Village avec son fiancé :
«Ici, on vit ensemble
et en harmonie. L’oppresseur est venu casser notre demeure pour qu’on suive le
monde. On se sent mieux ici en communauté, c’est la meilleure vie.
On ne rejoindra pas le monde.»
Mama Africa s'est organisée avec d’autres rastas pour «dire non à l’oppresseur et réclamer justice»,
rapporte RNW. Armés de leur Tam-tam et tambours, les
villageois entament le nyabinghi, littéralement traduit par «la victoire du
peuple noir». Un chant de combat rastafari pour porter au loin leurs
revendications.
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