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Marion Maréchal-Le Pen: le FN troisième génération est arrivé
Elue députée à tout juste 22 ans, la benjamine de l’Assemblée nationale française se présente comme la nouvelle «justicière» du Front national.
Mise à jour du 6 juillet 2012: Jean-Marie Le Pen a déclaré au journal britannique le Times que sa fille Marine était «une petite bourgeoise». A ses yeux, son succès s’expliquerait par le fait qu’elle soit «une femme». Fidèle à ses habitudes, l’ancien leader du FN, 84 ans, a dénoncé les «vagues déferlantes» d’immigrés clandestins en France, qui ne tarderait pas à transformer, selon lui, les Européens en «esclaves des radicaux islamistes».
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Des grandes figures politiques françaises se sont ramassées. Ségolène Royal, malgré le soutien de François Hollande, a essuyé une défaite annoncée par tous les instituts de sondage. La droite n’a pas manqué de tirer avec elle François Bayrou dans sa chute.
A Hénin-Beaumont, où les feux des projecteurs n’ont été braqués que sur les deux candidats à la présidentielles, ça a été du ni-ni… Ni Mélenchon, ni Le Pen! Là aussi, les candidats les plus médiatiques sont passés à la trappe.
Il est vrai, Marine Le Pen, battue à 118 voix près, a suspecté la sincérité du scrutin (sans doute un noir complot contre elle) et a demandé un «recomptage des voix». Comme, naguère, «Laurent l’Africain» (Laurent Gbagbo). Il n’est pas sûr, en revanche, qu’Alassane Ouattara lui vienne en aide. Car elle avait défendu la souveraineté ivoirienne face à l’ingérence française.
Un autre symbole de la diversité en France?
Au Cameroun, il faut avoir 23 ans pour être éligible. Si Marion Maréchal-Le Pen avait été Sénégalaise, Ivoirienne, Algérienne, il lui aurait fallu attendre 3 ans encore (donc 5 ans finalement) pour faire acte de candidature.
En Afrique les conditions d’âge sont ce qu’elles sont. Et si dans la plupart des pays africains, la valeur d’une femme n’attend point le nombre de ses années, c’est parce que l’âge et le sexe rendent vaines bien des attentes.
Marion est la députée élue du Vaucluse, une circonscription où elle a pu, d’une certaine façon, bénéficier du soutien de Catherine Arkilovitch, qui a maintenu sa candidature aux triangulaires, en dépit de la consigne de désistement du Parti Socialiste.
Pour être si jeune, Marion n’en est pas à son coup d’essai. Il y a deux ans, elle avait perdu les municipales à Saint-Cloud, en banlieue parisienne, où elle réside. Elle avait d’ailleurs affirmé à cette occasion qu’une carrière politique ne faisait pas partie de ses objectifs.
Marion Maréchal-Le Pen! Les dénominations kilométriques sont assez rares dans la classe politique française. On s’y appelle souvent par un seul nom et un seul prénom. Quant au patronyme, on lui surajoute rarement le nom d’un grand-parent. Sauf si, bien sûr, le grand-parent en question s’appelle Jean-Marie Le Pen!
Marion, un prénom qui rappelle Marine (Marine s’appelle en réalité Marion). Le Pen, un nom qui fait bien de la peine à de nombreux Africains. Marion Maréchal-Le Pen est sûrement, par son âge et ses convictions politiques, le symbole le plus éclatant de la «diversité» au Palais Bourbon.
Laver «l’affront» fait au grand-père
Le président d’honneur du Front national aurait-il donc encouragé sa petite-fille à «laver l’affront» qui lui avait été fait à Carpentras? Où on l’avait soupçonné de profanations de sépultures juives, en 1990.
Pour ceux qui doutaient encore qu’il s’agît d’une affaire de famille, la gamine à donné quelques indications claires allant dans ce sens, au soir de sa victoire:
«Enfin, aujourd’hui est effacé l’outrage infligé en 1990 à Jean-Marie Le Pen et le Front national. Justice est faite et l’avenir est désormais à nous! (…) Et ce n’est qu’un début!»
Voilà comme qui dirait une bien belle entrée en jouissance. Oubliée l’amertume qui lui avait fait dire qu’une carrière politique ne l’intéressait pas.
Dans son rôle délicat de justicier, cette âme que l’on croyait neuve ne va pas chômer si elle a entrepris de laver tous les affronts faits à son père, qui compte des ennemis en très grand nombre. Et si elle connaît le même succès dans les années à venir, peut-être va-t-elle «ripoliner» l’image du FN.
La benjamine de la nouvelle Assemblée nationale française est blonde, grande, avec de jolis yeux pervenche, dans un hémicycle poivre et sel de quinquas bedonnants, essentiellement masculins, très à gauche… ça donnerait presque des idées de bizutage, si à ses côtés ne se trouvaient des mâles protecteurs, quinquas (ou sexas) poivre et sel bedonnants (ou presque): Collard et Bompard!
Mais au fait, Sarkozy, Guéant, Morano et les autres n’avaient-ils pas droit eux aussi à une mention poétique dans les remerciements que la Le Pen de troisième génération a adressés le soir de son élection?
Eric Essono Tsimi
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