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Pourquoi le drapeau marocain ne flotte plus sur l’athlétisme mondial
A quelques semaines des JO de Londres, le Maroc se met à rêver de renouer avec ses succès d’antan. Mais pourquoi la magie n’est plus au rendez-vous?
Mise à jour du 23 juillet: L'athlète marocaine Mariem Alaoui Selsouli ne participera aux Jeux olympiques de Londres du 27 juillet au 12 août, dont elle était une des favorites du 1500 m, après avoir été contrôlée positive à un diurétique début juillet.
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Des breloques de-ci de-là, sinon pas grand chose. Le Maroc, hier au firmament de l’athlétisme mondial se contente de faire acte de présence dans les grands meetings internationaux. Elle est bien loin l’époque où Saïd Aouita, le grand mètres du 1500 mètres faisait du royaume un géant des stades.
Après qu’il a raccroché ses chaussures à pointes, Il aura fallu attendre une décennie de traversée du désert pour voir émerger son digne successeur en la personne de Hicham El Guerrouj. Et puis, plus rien de vraiment probant, rien de palpitant. La magie s’est perdue.
Le demi-fond marocain repose sur du sable
«L’athlé, c’est une affaire de patience et d’organisation (…) Le demi-fond marocain façonné en partie par Aziz Daouda, le DTN —coach— manager formé à l’Est, qui déclencha toutes les passions et les interrogations, repose sur du sable. Une élite performante, mais rien qu’une élite sans réelle base, sans fondement ferraillé», estime avec justesse VO2.fr, le site phare de l’actualité de la course à pied et de l’athlétisme.
Malgré un livre encenseur sur la Moroccan school, la réalité est que, à l’instar des autres sports qui déchaînent les passions, l’athlétisme marocain pâtit de ses «relations étroites» avec la politique.
VO2.fr en fait le constat amer:
«Le Maroc qui, de plus, se perd dans les querelles de clochers et de pouvoir, s’est endormi sur un système sclérosé, malmené par les affaires de dopage qui viennent ternir la réputation d’une élite.»
Bien sûr, il y a ce sursaut de la fédération marocaine gavée de sponsoring et dotée d’un budget mirobolant. Des centres d’entraînement en altitude, à Rabat et Ifrane, forment l’armature d’une logistique qui s’étend dans les régions où les sections sport-étude font florès.
Pourtant, le système, trop corseté par les hommes de l’ombre qui font valser cadres et techniciens confine à du fonctionnariat. Résultat, les athlètes désorientés par l’absence de suivi réel (certains se sont plaints de n’avoir pas eu à leurs côtés leurs préparateurs lors de grand-messes mondiales, leurs places ayant été assignées à des cadres administratifs), préfèrent parfois partir là où l’herbe est plus verte, quitte à se faire naturaliser Français, Espagnols, Américains ou par un quelconque émirat du golfe.
Un retour du Maroc aux JO de Londres?
En 2009, Aziz Daouda, découvreur d’El Guerrouj était bien pessimiste sur l’avenir. Pour lui, «le pire était à venir». Démissionnaire en 2000, il est rappelé comme dénicheur de potentiels dauphins. Aujourd’hui, après des années de naufrage, et notamment après la débâcle des mondiaux de Corée du Sud, il compte à nouveau sur des talents certains comme Abdelaati Iguider, qui a décroché l’or sur 1.500m en indoor à Istanbul ou, chez les femmes, Mariem Alaoui Selsouli, qui a réalisé la meilleure performance mondiale de la saison sur 3.000m, en signant un chrono de 8min 34 sec 47/100e, à Eugene.
La vice-championne du monde du 1.500 mètres en salle, avait auparavant remporté à Rabat, le 5.000 m de la 5e édition du meeting international Mohammed VI, 9e étape du circuit IAAF World Challenge, avec un chrono de 14min 45sec 91/100è. Elle était montée sur la première marche du podium, aux dépens des Kényanes Janet Kisa (14:57.68) et Priscah Cherono (14:59.53).
Des performances en dents de scie
Mais les performances en dents de scie des athlètes marocains, lors des derniers meetings, laissent planer le doute, confirmant par exemple leur potentiel au Liechtenstein, mais pas à Rome.
Un bilan jugé néanmoins positif par la presse, qui se met à espérer en égrenant, tout de même, des résultats qu’elle juge très prometteurs dans la perspective des Jeux Olympiques qui commencent à Londres le 28 juillet.
Ali Amar
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