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L'accaparement des terres africaines cache les convoitises sur l'eau

Les réserves en eau douce du continent africain sont en danger. Dans un rapport publié le 11 juin, l'organisation non gouvernementale (ONG) GRAIN qui promeut la biodiversité agricole et l'agriculture familiale tire la sonnette d'alarme:

«Chaque vente de terres en Afrique implique des projets d'agriculture industrielle de grande envergure, entraînant une importante consommation d'eau. Presque toutes ces opérations sont basées dans le bassin d'un grand fleuve, donnant accès à l'irrigation.»

Derrière la course à l'acquisition des terres, c'est une course à la future denrée rare du XXIe siècle qui se joue, continue l'ONG. Or, dans certaines zones, comme dans la péninsule arabique, l'eau est déjà un enjeu géopolitique. C'est pourquoi l'Afrique est tant convoitée, continue GRAIN: elle dispose encore de larges réserves, que beaucoup jugent inexploitées.

«Ces projets occupent soit des zones humides et fertiles, mais fragiles, soit des zones arrides et entraînent l'utilisation massive de l'eau des rivières.»

Or souvent, l'implantation de ces industries se fait au détriment du respect de l'environnement, et des populations locales, trop faibles pour se défendre face aux puissants groupes étrangers, et qui dépendent pourtant beaucoup des bassins fluviaux.

Le rapport de GRAIN prend l'exemple du Nil: l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) affirme que le potentiel d'irrigation des dix régions du bassin du Nil est de huit millions d'hectares, explique GRAIN. Or, cinq millions font déjà l'objet d'une exploitation par des infrastructures. Et dans seulement quatre régions du bassin, huit autres millions d'hectares viennent d'être loués à des entreprises étrangères, pour des plantations à grande échelle. Ces exploitations sont toujours destinées à l'exportation.

«Les ressources en eau sont vitales pour les fermiers locaux, les bergers et autres communautés rurales. Beaucoup souffrent déjà d'un acces à l'eau insuffisant pour leur survie.», continue GRAIN.

Et de prévenir:

«Si l'on doit retenir une chose des expériences passées, c'est que de tels schémas d'hyper-irrigation ne font pas que mettre en danger le gagne-pain
de millions de communautés rurales. Ils menacent aussi les réserves en eau douce de régions entières.»

Lu sur GRAIN

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