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Comment Israël compte se débarrasser des immigrés africains
Depuis plusieurs semaines, le climat social devient délétère, en Israël. Un cas de viol impliquant quatre Érythréens, et c'est toute la communauté des noirs dans l'État hébreu qui est pointée du doigt, molestée, haïe, puis finalement, mise à la porte.
Dans un article du 8 juin, le quotidien israélien Jerusalem Post revient longuement sur les dernières annonces et mesures du gouvernement pour se débarrasser des immigrés africains.
«Le ministre de l'Intérieur, Eli Yishai, a informé les Soudanais du sud qu'ils avaient une semaine pour volontairement quitter Israël.»
S'ils acceptent, ils seront gratifiés d'une somme de 1.000 euros, et d'un aller simple pour leur terre natale. S'ils refusent, l'État emploiera la force.
Outre cette première mesure, l'État hébreu compte bien évidemment renforcer sa frontière avec le Sinaï égyptien, véritable gruyère et point de passage des Africains vers Israël, et ce malgré les moyens dépensés pour construire un grillage de sécurité et entretenir de nombreux postes de surveillance de l'armée. Les centres de détentions sont également en développement.
«Le dernier volet de cette politique est de punir ceux qui donneraient un travail aux migrants.»
Mais dans les faits, tout n'est pas aussi facile, continue le Jerusalem Post. En effet, pour expulser des immigrés vers leur pays natal, il faut une coopération entre les deux États. Or, «Israël et le Soudan sont ennemis», rappelle encore le quotidien. Et près de 15.000 Soudanais seraient actuellement en Israël.
«On ne peut simplement pas les jeter depuis le ciel», remarque un officiel israélien.
Ils sont aussi 35.000 Érythréens, soit 40% des 60.000 à 65.000 réfugiés illégaux en Israël. Et pour expulser les Érythréens, un autre problème se pose à l'État hébreu:
«Selon un membre du gouvernement, les Nations Unies affirment que ramener ces gens dans leurs pays mettrait en danger leur vie.»
Il est évidemment plus facile d'expulser les 1.000 réfugiés sud-soudanais estimés, complète le quotidien israélien Haaretz, les deux pays étant amis. D'ailleurs:
«La cour de Jerusalem a décidé jeudi (7juin, ndlr) qu'Israël pouvait expulser les réfugiés sud-soudanais vers leurs pays d'origine, rejetant ainsi un appel des ONG travaillant dans le domaine de l'immigration», écrit Haaretz.
Le ministre de l'Intérieur Eli Yishai a bien évidemment applaudi des deux mains, précisant que «ce n'est pas une guerre contre des infiltrés mais une guerre pour la préservation du sionisme et du rêve juif sur la terre d'Israël.»
Le quotidien libanais Daily Star se montre extrêmement critique envers cette politique israëlienne:
«Pour parler simplement, Israël pratique un terrorisme d'État, en réalisant soudainement qu'une population le menace. (...) Les Israéliens n'ont pas eu de problème à exploiter ces populations, et puis soudainement décide qu'elle doivent être expulsées.»
L'éditorialiste du Daily Star finit par conclure que ce comportement de l'État hébreu n'est pas surprenant, dans la mesure où il a fait de même avec les Palestiniens et les Libanais du Sud par le passé.
Lu sur Jerusalem Post, Haaretz, Daily Star
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