
mis à jour le
Ça y est! L’Uemoa (Union économique et monétaire ouest-africaine) vient de confirmer ce que l’on pensait. L’UA (Union africaine) va bientôt saisir le Conseil de sécurité de l’ONU à la demande de la Cédéao (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) sur la crise malienne, aux fins de déployer une force au Mali pour combattre les groupes rebelles qui occupent le Nord de ce pays.
Ainsi en ont décidé les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Uemoa lors de leur 16e sommet tenu à Lomé au Togo le 6 juin dernier.
Loin d’être une surprise, cette décision vient confirmer l’échec des négociations avec les groupes islamistes et séparatistes. On savait plus ou moins que le dialogue, avant même d’être entamé, était voué à l’échec au regard de la nature des revendications.
Le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) tient à l’indépendance du Nord tandis qu’Ansar Dine veut l’application de la charia dans tout le territoire malien. Or, les autorités de Bamako ne veulent céder aucun mètre carré ni remettre en cause la laïcité de l’Etat malien.
Comment pouvait-on, dans un tel cas de figure, trouver un consensus qui soit à même de satisfaire les différentes parties? Ce serait augmenter la souffrance des Maliens que de persister dans des négociations qui n’accoucheraient que d’une souris. Et fort heureusement, la Cédéao l’a compris.
En tout cas, ce changement de fusil d’épaule de l’organisation sous régionale va, à coup sûr, réjouir les Maliens, notamment ceux qui subissent les humiliations et la barbarie des islamistes au Nord du territoire. Mais la question que l’on se pose est de savoir combien de temps cela va prendre.
Pour que l’opération soit effective, il faut que l’ONU soit saisie, qu’elle statue, que l’on réunisse des moyens logistiques et financiers ainsi que des hommes avant que la machine de l’intervention n’entre en action. Toutes choses qui ne peuvent se faire en un laps de temps. A vrai dire, les Maliens ne sont pas encore au bout du tunnel.
Qu’il leur plaise ou non, ils continueront pendant quelques jours, voire des semaines, de subir la tyrannie des islamistes et compagnie. Et ces groupes qui savent maintenant que le dialogue est en train de s’éteindre pour faire place aux armes, seront plus que jamais sur le qui-vive.
Plaise au ciel qu’ils n’utilisent pas les populations comme boucliers humains. Il est évident que la Cédéao aurait dû empêcher le fantôme d’entrer dans la maison afin d’éviter de chercher aujourd’hui à le mettre dehors. On a en effet perdu trop de temps à tergiverser, toute chose qui a permis aux séparatistes et fous de Dieu de s’enraciner.
Il est tout aussi évident qu’avec cette décision des chefs d’Etat de l’Uemoa, la résolution de la crise au Nord-Mali va prendre une autre dimension. Et c’est peu de dire que la protection des populations qui sont, de facto, les otages de ceux qui ont conquis le Nord-Mali sans coup férir, rend complexe l’opération qui se profile à l’horizon.
En tout état de cause, cette nouvelle donne sera une occasion pour l’armée malienne que le Premier ministre, Cheick Modibo Diarra, galvanise dans les casernes, de reprendre du poil de la bête et de faire passer sous les fourches caudines de la justice ceux qui ont commis les plus abominables crimes à Aguelhok.
En tout cas, elle aura les moyens et les hommes pour prouver ce qu’elle a dans le ventre mais aussi dans la tête. C’est en cela qu’elle lavera l’humiliation subie et se réconciliera avec le peuple malien.
Dabadi Zoumbara (Le Pays)
A lire aussi
Mali: des groupes armés s'affrontent au nord, l'Afrique se tourne vers l'ONU
Mali: l'Union africaine va demander un appui de l'ONU à une intervention militaire dans le nord
Une intervention militaire au Mali ne peut se faire sans l'Algérie
Pour le Niger, il faut intervenir au Nord-Mali