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Pourquoi l'Afrique ne doit pas faire comme la Chine

Devant une assemblée de banquiers d’affaires et autres investisseurs, le président de la Banque africaine de développement (BAD), Donald Kaberuka, s’est lancé dans un discours inhabituel: le développement durable et la croissance verte.  

Si la problématique a été évoquée, le 1er juin en Tanzanie, c’est parce que le constat pour le continent africain est alarmant: en l’espace de quarante ans, la «biocapacité» (la surface agricole disponible et exploitable) a diminué de 40%.

Le continent africain fait de plus en plus pression sur ses ressources naturelles, rapporte le Monde.

Sa part dans l’empreinte écologique mondiale (la pression qu’exerce un individu sur la nature pour subvenir à ses besoins) n’est que de 7,7%, mais ce chiffre est amené à croitre exponentiellement dans les années à venir.

En s’associant avec le Fonds mondial pour la nature (WWF), la BAD a produit un rapport intitulée Rapport sur l’empreinte écologique de l’Afrique: infrastructures vertes pour la sécurité écologique de l’Afrique.

Il dresse le bilan et, surtout, propose des solutions pour que la croissance économique sur le continent soit liée à une croissance écologique, verte et responsable.

Protection des espèces en voies de disparition, préservation des sites menacés par une agriculture trop rapide... Pour chaque exemple donné, le rapport indique la voie à suivre.

«L'Afrique n'a pas franchi la ligne rouge et ne vit pas encore "à crédit" en consommant ses ressources plus rapidement qu'elles ne sont capables de se reconstituer. Mais cela ne saurait tarder. Au rythme actuel, c'est une question d'années», écrit Laurence Caramel, envoyée spéciale pour Le Monde en Tanzanie.

Alors, si la BAD tenait à évoquer ce sujet c’est parce que la tentation est forte pour les nations africaines de se lancer dans un développement «à la chinoise» en pariant sur les matières premières et l’exploitation irraisonnée des gisements.

D'autant que «pour les pays africains, les problèmes écologiques restent avant tout des problèmes du Nord et la croissance verte est souvent perçue comme un moyen de mettre des freins à leur quête de prospérité», note Simon Mizrahi, l'un des directeurs de l'institution.

En tout cas, l’«Afrique peut choisir», ainsi que le rappelle le slogan de la campagne conjointe des deux organisations qui espèrent que leur intervention permettra au moins de lancer une réflexion sur le sujet.

Lu sur Le Monde.fr

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