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En Afrique, il est interdit de dire que le «roi» est nu
On n'est pas prêt de voir une caricature impertinente comme celle de Jacob Zuma dans un autre pays d’Afrique. La preuve que la nation arc-en-ciel fait preuve d’une rare tolérance.
La chose est si rare sous nos tropiques qu’elle paraît invraisemblable. Un tableau du président sud-africain, Jacob Zuma, le représentant à la manière de Lénine, en train d’exhiber son sexe! Que diantre, dira-t-on! Cela ne court pas les rues en Afrique.
Jusque-là, c’est en Europe où la liberté d’expression n’a pas de frontière, que pareille peinture pour le moins choquante passait pour une roupie de sansonnet. En Afrique, par contre, l’auteur d’un tableau du genre est sitôt traité de tous les noms d’oiseaux, si on ne l’accuse pas d’outrage à chef d’Etat ou de crime de lèse-majesté.
Pareil affront n’aurait pas été admis en d’autres lieux
On se rappelle d’ailleurs que le choix jugé prémédité du titre d’une dictée administrée à des élèves dans une classe (La maîtresse du président) avait valu la condamnation d’un enseignant de l’autre côté du fleuve Djoliba (au Mali).
Aussi, pour avoir manifesté son mécontentement vis-à-vis d’un système en lapidant d’une pierre un convoi présidentiel à Kinshasa, le Congolais Armand Tungulu en avait payé le prix fort, puisque cela lui a coûté la vie. Bref, autant d’exemples, si besoin en est encore, qui prouvent que bien des présidents en Afrique ne supportent pas la contradiction.
En véritables potentats, ils aiment quand on les encense et abhorrent haineusement tout comportement iconoclaste de nature à porter atteinte à leur amour-propre pour ne pas dire leur orgueil. Et c’est en cela que ce qui se passe actuellement en Afrique du Sud mérite qu’on y prête beaucoup attention.
Signe d’une certaine liberté d’expression au pays de Mandela
Car quelque choquant que fût le tableau peint du président Zuma, l’auteur n’a nullement été inquiété comme cela aurait pu être le cas sous d’autres cieux. Même l’ANC, le parti de Zuma, n’a trouvé d’autres moyens que de saisir la Justice sud-africaine pour exiger le retrait du tableau de la galerie, pour, dit-on, que soit préservée l’intégrité du président.
En tout cas, on pourra épiloguer à l’infini sur l’opportunité ou non de ce tableau qui défraie la chronique dans la nation Arc-en-ciel. D’aucuns traitent déjà l’auteur de libertin, oubliant que Zuma lui-même ne mérite pas qu’on l’absolve à bons comptes; lui qui, alors même qu’on l’accusait de ne pas donner le bon exemple en matière de prévention contre le VIH/Sida, avait déclaré, tout président qu’il est, s’être «lavé au savon» après les rapports sexuels extraconjugaux qu’il avait eus avec une jeune sud-africaine.
A vrai dire, le penchant trop poussé de Zuma pour la gent féminine, qui lui colle comme un boulet au pied, fait parfois de lui un homme peu sérieux. Somme toute, la réaction qui a suivi l’exposition de «The spear» (la lance: nom donné par l’artiste à son œuvre) dans une galerie privée, prouve encore que le pays de Mandela reste attaché à certaines valeurs dont le respect de la liberté d’expression. C’eût été au Gondwana, l’auteur, bien que devenu héros, serait passé à trépas.
Boundi Ouoba (Le Pays)
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