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Russie - Les étudiants africains traités comme des violeurs
En Russie, dans la région d’Orenbourg, frontalière avec le Kazakhstan, les autorités russes se méfient sérieusement des étudiants africains.
Les ressortissants de plusieurs pays africains, notamment du Zimbabwe, du Congo et du Tchad, qui résident dans le foyer de l’Institut d’Etat de Management d’Orenbourg (Ogim) en font les frais, raconte le quotidien russe Kommersant.
Le chef d'administration de la ville d’Orenbourg Evguéni Arapov les somme de quitter leur foyer de résidence pour la période d’été.
La raison? Pour éviter que les Africains ne violent les enfants qui vont passer leurs vacances estivales dans un camp situé sur le même lieu, à savoir un parc forestier de loisirs appelé Doubki et étendu sur plusieurs centaines d'hectares.
La résidence où loge les étudiants africains leur a été louée par l’institut dans lequel ils étudient. Elle se situe à l'intérieur de ce grand parc de vacances. Pendant l’été, le site retrouve sa fonction initiale et accueille des enfants et des adolescents.
Mais pourquoi chasser les étudiants africains? Selon Kommersant, l'affaire peut avoir des répercussions internationales, d'autant plus que plusieurs de ces étudiants sont des enfants de diplomates. Le journal moscovite propose un portfolio de ces étudiants africains en Russie qui manifestent à Orenbourg pour ne pas se retrouver à la rue.
Heureusement, le recteur de l’institut Oleg Sviridov a pris fait et cause pour eux. Il refuse catégoriquement d’expulser ses étudiants. Il a envoyé une lettre à la Douma (la chambre basse du parlement russe) à Moscou pour dénoncer le racisme des autorités d'Orenbourg et du Service fédéral de migration (FAS).
Il a pu le vérifier lors d'une convocation dans le bureau du chef de région:
«On m’a dit que personne n’a besoin de reportages à la télé et dans les journaux sur des noirs qui vont et viennent dans des camps de vacances et aussi que les étudiants africains peuvent violer les enfants», témoigne-t-il.
Les autorités ont procédé à deux reprises à des raids des forces du Service fédéral de migration dans le foyer des étudiants africains.
La première fois, le 23 avril, les agents ont débarqué à l’improviste à sept heures du matin et sont rentrés dans toutes les chambres des étudiants, y compris les femmes.
Une autre fois, les agents sont venus accompagnés:
«Des gens armés de pistolets automatiques ont arrêté notre autobus et ordonné d’éteindre nos téléphones. Je l’ai éteint mais on m’a quand même frappé à coup de crosse. Plus tard, on m’a dit que c’étaient des agents du Service fédéral de migration. Pourtant mes papiers sont en règle et je ne comprends pas pourquoi on m’a frappé» raconte un étudiant à Kommersant.
Le ministère de la science défend aussi la cause des étudiants africains et de leur institut.
«Ils ont un permis de séjour et sont logés légalement dans le foyer. Le ministère de la Science souhaite garantir les droits des étudiants pour un enseignement de qualité.»
De même, les défenseurs des droits de l’homme dénoncent un acte de racisme particulièrement outrancier des autorités régionales:
«Jamais on n’avait vu ça dans l’histoire de la Russie, que des personnalités officielles parlent ainsi des noirs, déclarant sans aucune raison qu’ils sont des violeurs potentiels», s’indigne Alexandre Verkhovski de l'ONG Sova qui lutte contre la xénophobie.
Et de regretter:
«Malheureusement, il sera difficile de les faire condamner pour de tels propos.»
Lu sur Kommersant
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