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Tunisie - La peine de mort contre Ben Ali n'est qu'un leurre
Ben Ali ne serait-il qu’un bouc-émissaire?
«Après Kais Ben Ali (le neveu de l'ancien président tunisien), libérez Imed Trabelsi (neveu de Leila Ben Ali)», clame ironiquement un article du site Mag 14.
Ce webzine tunisien souligne le laxisme de la justice dans les procès concernant la famille de l'ex-président et les membres de son parti le RCD (Rassemblement Constitutionnel Démocratique).
Le 24 mai, le procureur du tribunal militaire du Kef a requis la peine capitale contre Ben Ali dans le cadre du procès dit des «martyrs de la révolution». Ce procès implique l'ancien président et d’autres responsables du régime, présumés responsables dans la mort de 22 personnes en janvier 2011. Le verdict sera annoncé au courant de la semaine suivante.
Un moi de mai très clément
Si la peine capitale contre le président déchu est assumée, la condamnation du reste de ses pairs l’est moins et donne même lieu à un show judiciaire.
Tout récemment, Kais Ben Ali, un neveu du président, en fuite pendant un an avant d'être arrêté en mars 2012 pour escroquerie et trafic de drogue, a été relâché par le tribunal d’instruction de Monastir, puis... de nouveau arrêté. Le tout en moins de deux mois. De même que Sofiane Ben Ali, autre neveu du président, relâché puis arrêté en 48 heures à la suite d’«un bug judiciaire».
L’acquittement ou le report sont souvent la solution du côté de sa famille tout comme des anciens du régime.
Le jour même de l’annonce du procureur du tribunal du Kef sur Ben Ali, Business News révèle qu’Abdelwaheb Abdallah, ancien ministre-conseiller de Ben Ali, arrêté pour détournement de fonds publics avec deux autres ministres, Kamel Morjane et Ridha Chalghoum, ont été relâchés. Ils ne sont pas les seuls.
Le 19 mai, la Cour de Tunis a reporté à fin juin le procès de «l’affaire de l’aéroport» et a prononcé la libération de Sofiene Ben Ali, Montassar El Mehrzi, Jelila Traelsi et Mohamed Mahjoub. Pourtant, en août dernier, ils avaient été tous condamnés à des peines de prison et des amendes de 200 millions de dinars. Impliqués dans d'autres affaires, ils resteront néanmoins en détention.
Le mois de mai semble plutôt avoir été clément pour des responsables de l’ancien régime tunisien. Le procès pour torture d’Abdallah Kalel, ancien ministre de l’Intérieur sous Ben Ali, a aussi été reporté au 26 mai. Sans compter Ali Seriati, ex-chef de sécurité de Ben Ali, qui a été innocenté en août dernier dans le cadre du «procès des martyrs».
«Le gouvernement devrait demander l’extradition de Ben Ali»
L’annonce de la peine capitale requise par le tribunal de Kef ne serait-elle finalement que «politique», comme le déclare Maître Akram Azoury, avocat de Ben Ali, dans un communiqué diffusé le 24 mai sur le site Business News?
Ces faits questionnent la possibilité d’une réelle justice de transition en Tunisie.
Human Rights Watch a d'ailleurs dénoncé les obstacles qui entravent la justice.
L'ONG revient sur le verdict de l’affaire Barraket Essahel, premier procès pour torture en Tunisie: l’ancien ministre de l’Intérieur Abdallah Kallel n'avait finalement été reconnu coupable «violence aggravée» et non pour des faits de torture.
L’ONG présente aussi l’absence du président, jugé par contumace, comme une défaillance politique:
«Le gouvernement tunisien devrait formellement demander l’extradition d’Arabie saoudite de l’ancien président afin qu’il puisse rendre des comptes pour les graves violations des droits humains qui ont été commises sous son régime, a déclaré Human Rights Watch. En plus de l’affaire de Barraket Essahel, Ben Ali est également jugé par des tribunaux militaires pour le meurtre de manifestants pendant le soulèvement tunisien. Il a déjà été condamné par contumace pour divers crimes financiers. Les autorités devraient aussi rechercher les quatre autres officiers qui ont été condamnés pour avoir usé de violences dans l’affaire de Barraket Essahel et dont on ignore où ils se trouvent.»
Lu sur Mag 14, Business News, Webdo
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