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Burundi - Comment les femmes peuvent domestiquer leurs maris

«La culture burundaise avantage les hommes. C’est pourquoi, même quand ces derniers se montrent irresponsables, cherchent sans scrupule des concubines ou rentrent à des heures tardives, nous avons intérêt à leur opposer une lutte intelligente et pacifique.»

C’est là l’opinion d’une femme qui s’est confiée à Syfia Grands Lacs. Au terme de sept années d’un mariage tourmenté, elle est parvenue à amadouer son mari à force de diplomatie.

Et les associations qui défendent les droits des femmes… approuvent. Mieux, ce sont elles qui incitent les femmes burundaises à faire preuve d’humilité et de patience même quand leurs époux sont dans le tort.

Une nouvelle approche sur la base du constat que la surenchère à l’agressivité dans le couple ne profite pas aux femmes. Un membre de la Coalition des hommes contre les violences faites aux femmes, confirme:

«Généralement, il y a un bourreau et une victime. C’est la femme qui est souvent victime. Mais, la confrontation ne fait que tout gâcher, car la radicalisation conduit au divorce.»

C’est pourquoi «depuis trois ans, nous les aidons à domestiquer le tempérament des hommes et 80 % d’entre elles réussissent», se félicite Marie-Claire Kezakimana, assistante psychosociale à l’Association de défense des droits de la femme (ADDF).

L’ADDF est installée dans les 129 communes du pays pour suivre au quotidien les violences et assurer la médiation entre les conjoints, en collaboration avec les administratifs.

Dans cette société burundaise ou l’humeur maussade des hommes est souvent due à l’alcoolisme, la frustration née de la pauvreté et autres problèmes de la vie privée, on conseille donc la retenue aux femmes:

«Même quand votre mari rentre tard, en état d’ébriété et tonne, il faut dominer votre colère et lui demander comment il a passé la journée. Si la scène se répète, il finira un jour par vous parler et le dialogue commencera ainsi», conseille une femme qui a éprouvé la méthode.

Au bout de ce long combat de renoncement et d’abnégation de la part des femmes, beaucoup d’hommes ont fini par être transformés et le nombre de maris violents diminue.

Un repenti témoigne:

«Les femmes ne sont pas nos esclaves et nous leur devons des égards. Quand elles sont malheureuses, nous et nos enfants le sommes aussi.

Je regrette les nombreuses années que j’ai passées à battre ma femme, l’accusant à tort et à travers. Je la remercie de n’avoir jamais osé m’affronter, car la situation aurait empiré.»

Les féministes apprécieront.

Lu sur Syfia Grands Lacs

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