mis à jour le
La Chine premier partenaire de l'Afrique, une bonne nouvelle?
La Chine est le premier partenaire économique de l’Afrique et désormais, le pays dépasse la France en tant que premier fournisseur du continent.
Un récent rapport des douanes françaises montre que les importations africaines se font de plus en plus au profit de la Chine et donc forcément au désavantage de l’hexagone rapporte RFI.
En chiffres, la part de marché à l’exportation de la France en Afrique, c’est-à-dire le volume de produit exporté vers l’Afrique est passé de 16% en 2000 à 9% dix années plus tard.
Pour la Chine, la tendance est inversée. En 2000, elle représentait 3% et en 2010, 12%.
Interrogé par RFI, Laurent Gasnier, chef adjoint du département statistique des douanes, explique ces chiffres par la nature des produits importés en Afrique.
« Les pays africains importent surtout des produits de moyenne gamme, de moyenne technologie comme des automobiles, des machines, des métaux. Dans tous ces domaines, la Chine est en fait très présente alors que la France a plutôt un positionnement sur des produits de hautes technologies et sur l’agroalimentaire», constate-t-il.
Et si les Chinois s’imposent sur le marché africain, c’est aussi au niveau des investissements
Dans un reportage, l’AFP s’intéresse à une entreprise chinoise de chaussures installée dans la région d’Addis-Abeba en Ethiopie.
Pourquoi la Chine cherche à délocaliser sa production en Afrique? Essentiellement pour trouver de la main d’œuvre à moindre coût et pour la proximité avec les matières premières. Par mois, un salarié éthiopien de l’usine Huajian est payé 30 dollars par jour.
Et les investisseurs ne comptent pas s’arrêter à une seule entreprise. C’est tout un parc industriel qui est en cours de construction sur la zone qui devrait voir sortir de terre 80 usines pour créer 20.000 emplois.
Mais la présence économique renforcée de la Chine est-elle une bonne nouvelle pour le continent?
C’est la question que se pose Solange Guo Chatelard, doctorante en politique comparée à Sciences Po Paris et chercheuse en anthropologie sociale au Max Planck Institute en Allemagne dans une tribune publiée sur la BBC.
«Alors que certains avancent que la Chine est le partenaire du 21ème siècle pour le développement africain et l’unique catalyseur de croissance sur le continent, d’autres, plus critiques, craignent que la Chine devienne une nouvelle puissance coloniale qui pillerait les ressources naturelles et exacerberait les schémas de corruption et des inégalités», explique-t-elle.
Cependant, sur le continent, la Chine est plutôt perçue comme un partenaire viable et surtout efficace même si les rapports entre les pays du continent et le géant chinois sont complexes. Pour Solange Guo Chatelard, l’importance qu’a pris la Chine dans les économies africaines est avant tout une chance et une promesse d’émancipation.
«Il est peut-être trop tôt pour que le miracle économique chinois soit considéré comme une success story ou pour déterminer si les pays africains sont prêts, intéressés ou capables de suivre la même voie, mais pour la première fois depuis la fin de la Guerre Froide, les peuples de l’Algérie à l’Angola ont une alternative viable au bloc de donateur occidental», peut-on lire sur la BBC.
A lire aussi
Et si la Chine aidait vraiment l’Afrique?
Lieve Joris brise les clichés entre l'Afrique et la Chine
Bénin – Du français au chinois, il n’y a qu’un pas
Quand Pékin fait main basse sur l'Afrique
Namibie – La Chine investit chez un ami très fidèle
La nouvelle colonisation chinoise