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Afrique du Sud - L'ancien président De Klerk et le fantôme de l'apartheid

L’ancien président sud-africain et prix Nobel de la Paix Frederik De Klerk a fait parler de lui, dans une interview accordée à la BBC et publiée le 10 mai. Les propos qu'il y a tenus ont rapidement fait polémique dans la Nation arc-en-ciel, rapporte le journal sud-africain Sowetan.

«Oui, je me suis excusé pour l'apartheid à plusieurs reprises, a-t-il expliqué à la journaliste de CNN. Mais il y a bien une chose pour laquelle je ne me suis pas excusé, c'est d'avoir recherché la justice pour tous les Sud-Africains, à travers le concept original de deux États nations séparés.»

Ce concept prône la création de deux États différents, un pour les noirs, et un pour les blancs. M. De Klerk le différencie de l'apartheid par le fait que ce dernier «a causé beaucoup d'injustices».

Pour justifier cette différence, il s'est appuyé d'autres exemples historiques:

«Comme c'est le cas pour les Tchèques et les Slovaques, dire que l'unité ethnique dans un seul État, avec une culture et un language, peut être heureuse et peut combler les aspirations démocratiques n'est pas répugnant.»

Et de poursuivre:

«Mais avec du recul, nous aurions du commencer les réformes bien plus tôt... Reste que l'intention était d'en arriver à un point où la justice pour tous aurait été assurée.»

Même s'il a admis que l'idée avait échoué en Afrique du Sud, son argumentaire n'a pas beaucoup convaincu et de nombreuses voix se sont élevées contre l'ancien président.

On lui a même demandé de renoncer au Prix Nobel de la Paix qu'il a partagé en 1993 avec Nelson Mandela pour avoir mis fin à l'apartheid.

Le tollé a été tel que Frederik de Klerk a donné des explications publiques à ses propos, rapporte encore Sowetan le 15 mai:

«Dois-je rappeler à tout le monde que c'est moi, conjointement avec les leaders du Parti national, qui ai aboli l'apartheid en février 1990? Pourquoi aurais-je de la nostalgie pour une chose à laquelle j'ai mis fin et pour laquelle je me suis excusé?»

Il a ensuite regretté que ses propos aient été «déformés» et «interprétés».

Lu sur CNNSowetan

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