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Jules Ferry «le colonisateur», une première polémique pour le président Hollande

On parle déjà de la première polémique du quinquennat du président François Hollande.

En choisissant de rendre hommage à l'ancien ministre français de l'Instruction publique, Jules Ferry (1832-1893), quelques heures après son investiture comme chef de l’Etat le 15 mai, François Hollande en a dérangé plus d'un.

Jules Ferry, personnage controversé?

Oui, car ce ministre qui a promu les grandes lois de la République qui ont rendu l’école publique, laïque et gratuite était aussi un fervent défenseur de la colonisation. En 1881, il annexe la Tunisie pour en faire un protectorat français.

Le discours qui fait mouche, c’est celui qu’il a prononcé en 1885 devant la chambre des députés: «Fondement de la politique coloniale».

Le ministre Jules Ferry y exposait sa vision de la colonisation en y déclarant que «les races supérieures» avait un droit «vis-à-vis des races inférieures».

Alors forcément, ce choix controversé entraîne des controverses.

Le premier à avoir réagi c’est l’ancien ministre de l’Education de 2002 à 2004 en France et homonyme de Jules Ferry: Luc.

Sur France Inter, lundi 14 mai, l'ancien ministre de Jacques Chirac a déclaré que Jules Ferry était un «grand colonisateur» qui fondait ses propos sur une «théorie raciste»:

«De même qu’il faut éduquer les enfants, il faut éduquer les Africains, c’est ça l’idée», a-t-il expliqué.

Une remarque qui n’a pas échappé au site d’information orienté à gauche Rue89.

Et le site de rappeler que Luc Ferry avait lui-même tenu des propos tendancieux sur les civilisations en prenant ouvertement, dans les colonnes du journal Le Monde, la défense du ministre de l'Intérieur Claude Guéant et de sa sortie sur les civilisations.

Après Luc Ferry, c’est une autre ancienne ministre de Roselyne Bachelot qui est monté au créneau sur Twitter.

Capture d'écran du compte Twitter de Roselyne Bachelot

La conseillère régionale de Martinique, Chantal Maignan, a aussi interpellé le chef de l’Etat élu dans une lettre ouverte.

«Vos succès aux Antilles m’obligent à vous remettre en mémoire que vos électrices et électeurs sont à jamais, mères, soeurs et filles, pères, frères et fils d’Aimé Césaire, farouchement dressé contre l’ordre colonial dévastateur et une école laïque assimilationniste, pourtant ardemment défendus par Jules Ferry», écrit-elle.

Pour conclure ce florilège de réactions, c’est Louis-George Tin, le président du Conseil représentatif des associations noires (CRAN), une association de promotion des minorités noires en France, qui s’est permis de rappeler que François Hollande pouvait saluer Jules Ferry fondateur de l’école républicaine mais qu’il «devait aussi rappeler en même temps la part d’ombre de cet homme».

Alors polémique ou non?

En tout cas François Hollande a, dès les premiers mots de son discours aux Tuileries, rappelé les «égarements politiques» Jules Ferry. 

«Tout exemple connaît des limites, toute grandeur à ses faiblesses et tout homme est faillible. En saluant aujourd'hui la mémoire de Jules Ferry qui fut un grand ministre de l'Instruction publique, je n'ignore rien de ses égarements politiques. Sa défense de la colonisation fut une faute morale et politique. Elle doit à ce titre être condamnée», a-t-il déclaré.

Lu sur Libération

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