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Tunisie - L'Assemblée Constituante accusée de tricheries dans les votes
Le vote électronique ne serait pas si fiable qu’il n'y paraît selon des membres de l’Assemblée constituante tunisienne.
Le 3 mai lors d’une séance plénière, certains députés ont dénoncé des tricheries et plus encore le manque de transparence de l’Assemblée sur la publication des procès-verbaux et des rapports des commissions.
Azed Badi, un député du CPR, le parti de gauche du président Marzouki, a dénoncé la tricherie qui a eu lieu lors d’un vote où certains députés ont voté deux à trois fois d’après le site Tunisie Haut Débit.
Pour Mabrouka M’Barek, députée du CPR, la tricherie n’est pas forcément volontaire, elle est liée à une confusion sur le vote électronique et un manque de contrôle.
«Il y a un problème, les députés ne votent pas dans leurs sièges attitrés, ils votent sur un poste puis vont s’asseoir à leur siège et votent une nouvelle fois en annulant leur vote précédent. Les journalistes voient ça d’en haut et évidemment ils pensent que les personnes votent deux fois.»
Ce phénomène a abouti à des résultats de scrutin troublant : par exemple, le fait que 170 voix soient enregistrées alors que 120 députés seulement étaient présents le 3 mai. Tricherie ou pas, le vote n’a pas été annulé.
«Je soutiens l’initiative de la plainte, nous allons nous même faire pression au sein de l’Assemblée pour qu’il y ait un meilleur contrôle ou que l’on revienne au vote à main levée, il m’arrive parfois de voter par procuration pour mes collègues qui ne sont pas à leur poste et cela est interdit. Nous devons demander à ce que les postes des absents soient fermés quand ils ne sont pas sur leur siège.»
Face à ce phénomène les membres de l’OpenGov, un groupe formé d’indépendants, de membres de la société civile et de députés de l’assemblée, a été fondé après les élections. Leur objectif: assurer la transparence entre le gouvernement et la société civile mais aussi effectuer une veille sur l’Assemblée.
Ils sont actuellement en train de s’accorder sur les bienfaits d’une poursuite en justice. Ils ont commencé par un ultimatum lancé au président de l’Assemblée Mustapha Ben Jafaâr pour le 16 mai. Si celui-ci ne rend pas plus accessible les données de l’Assemblée, une plainte sera déposée auprès du tribunal administratif de Tunis le 31 mai.
Cette plainte arrive après plusieurs demandes répétées d’associations tunisiennes comme Al Bawsala et Touensa d’avoir accès aux séances plénières en tant qu’observateurs, restées sans réponse.
Parallèlement à la plainte, le groupe OpenGov va lancer une seconde campagne 7ell2 (ouvre) pour plus de transparence similaire à la première lancée en janvier 2012 pour mobiliser l’opinion publique autour de la transparence.
Lu sur Tunisie Haut Débit
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