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Moutons by Vincent via Flickr
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Pourquoi le régime algérien considère son peuple comme un troupeau

Il est interdit de s'attrouper, puis, fin du fin, d'inciter à s'attrouper.

Comme les promesses, les réformes sont d'abord destinées à ceux qui veulent bien y croire. Après l'administration, caste auto-immune qui défend ses intérêts de classe et par ricochet, le statu-quo du régime, c'est la police qui s'installe dans la fonction de rempart contre le changement, avec, ironie du sort, l'argent de ceux qui sont régulièrement tabassés. Dernière offensive, une délégation du parti Jil Jadid s'est vue refuser d'embarquer à l'aéroport d'Alger pour tenir un meeting à Jijel. Sans argument ni loi, juste la parole de l'officier de police:

«Nous savons qui vous êtes, nous savons aussi que vous allez animer un meeting à Jijel, que l’avion est toujours sur le tarmac, qu’il y a de la place et que nous avons décidé d’annuler votre réservation», selon Jil Jadid.

S'attrouper devient un délit

La question autour de ce sombre abus d'autorité, conjuguée au «nous avons décidé», est comme pour l'administration citée plus haut: s'agit-il d'ordres venus du sommet ou de zèle couvert des policiers?

Car pendant que nombre d'ONG internationales et structures algériennes continuent d'alerter sur les trop nombreux dépassements et le harcèlement policier, Abdelkader Kherba, représentant des chômeurs, est en prison, le parquet venant de demander 3 ans de prison ferme à son encontre.

Le délit officiel? «Incitation à attroupement». Cet étrange délit, qui n'existe nulle part ailleurs, traduit bien la lente glissade des interdits, interdit de manifester, puis de s'attrouper, puis, fin du fin, d'inciter à s'attrouper. C'est d'ailleurs tout le paradoxe du régime, qui considère son peuple comme un troupeau (la police fait office de berger) mais lui interdit de s'attrouper, et même d'y inciter, alors que c'est dans la logique du troupeau de s'attrouper. D'ailleurs aussi, du point de vue juridique, les appels quotidiens par médias, mosquées et SMS à voter massivement ne sont-ils pas des incitations à attroupement?

Chawki Amari

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Chawki Amari

Journaliste et écrivain algérien, chroniqueur du quotidien El Watan. Il a publié de nombreux ouvrages, notamment Nationale 1.

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