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Chef touareg au Niger le 5 mars 2005. Reuters
Chef touareg au Niger le 5 mars 2005. Reuters

Au pays du Sahel: le borgne est roi

La crise au Mali s'enlise après l'annonce de l'indépendance du Nord Mali par les touaregs.

Il y a une ressemblance avec le Printemps arabe. Embusqués, les islamistes touaregs d’Ançar Eddine ont pris Tombouctou, occupée la veille par les Touareg du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA).

Les Touareg, comme tous les autres peuples musulmans, sont entrés dans la grande question du XXIe siècle, les dissensions fratricides entre islamistes et laïcs. Si pour l’instant, personne ne peut prédire la suite des événements au Mali, pas même Abdelkader El Mali [Abdelaziz Bouteflika ndlr]. Tombouctou est déjà la première ville au monde prise par AQMI.

Le drapeau des Imazighen touareg du MNLA n’aura donc flotté qu’une seule journée, remplacé par le sombre drapeau de type Arabie Saoudite, dont on ne rappellera jamais assez tout le mal que ce pays génère. AQMI, émanation du GSPC, lui-même émanation du GIA, est partie du Nord algérien il y a 10 ans et a fini par conquérir la ville la plus emblématique du Sahara-Sahel.

Le borgne, recherché par toutes les armées du monde

On annonce d’ailleurs que l’Algérien Mokhtar Belmokhtar, alias Laouar, alias le borgne, recherché par toutes les armées du monde, est sur place, triomphant après des années d’errance, de complots et d’alliances diverses. La morale de cette histoire? Elle se situe dans le registre de l’import-export.

Les partisans du statu quo permanent annoncent déjà que tout est de la faute au Printemps arabe et à la liquidation de Kadhafi et de son arsenal de guerre, et il y a évidemment un lien entre la chute du régime libyen et la situation au Sahel.

Mais c’est Kadhafi qui avait importé des mercenaires touareg, les a formés, armés et «islamisés», et ils sont repartis dans le Sahel avec un stock de guerre, un diplôme et un projet, ce qui a permis la prise de Tombouctou.

C’est aussi l’Algérie qui a exporté le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) et Mokhtar Belmokhtar dans le Sahel, ce qui a aussi permis la prise de Tombouctou. La morale de la morale? Au choix, un pays averti en vaut deux, un clavier azerty en vaut trois ou un œil diabolique en vaut cinq.

Chawki Amari (El Watan)

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Chawki Amari

Journaliste et écrivain algérien, chroniqueur du quotidien El Watan. Il a publié de nombreux ouvrages, notamment Nationale 1.

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