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Algérie - La population algérienne n’accorde pas son pardon aux harkis

La rancœur algérienne envers les harkis est loin de se résorber. C’est en tout cas le résultat d’un sondage commandé et publié par El Watan le 28 mars. Le quotidien algérien a sondé les citoyens sur l’indépendance de l’Algérie et sur des questions d’actualité. Quels que soient l’âge, le niveau d’étude ou le sexe des sondés, tous sont quasi-unanimes.

«L’écrasante majorité des répondants, soit 84,5%, est contre le fait de pardonner aux harkis», indique El Watan.

En revanche, leur avis sur les pieds-noirs et les relations algéro-françaises sont plus mitigées. Plus de la moitié des Algériens pensent que le départ des pieds-noirs est une «bonne chose». 51% des sondés affirment que les relations entre l’Algérie et la France peuvent s’apaiser.

«On constate donc, en un sens, plus de sympathie pour les pieds-noirs que pour les harkis», affirme El Watan.

Le reste de l’étude menée par ECOtechnics du 14 au 19 mars montre des lacunes non-négligeables concernant les connaissances des Algériens de l’histoire de l’indépendance. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, les plus de 55 ans —qui ont vécu l’avant indépendance— sont les moins informés, rapporte El Watan.

«Les personnes les plus âgées, celles de 55 ans et plus, qui ont vécu au moins quelques années de la révolution n’ont pas voulu, pour la majorité, approfondir leur connaissance des événements dont ils ont vécu la tourmente», écrit El Watan.

Le quotidien algérien tire la sonnette d’alarme notamment concernant l’instruction. L’étude met en évidence que les sondés qui ont su le mieux répondre aux questions de culture générale sont des étudiants ou des universitaires. L’ignorance concernant cette période historique donne des résultats surprenant, par exemple:

«7,3% pensent que [l’OAS] est une organisation qui voulait que la France parte d’Algérie. Il y a même une proportion qui pense que c’est une organisation qui aidait les Algériens, révèle le sondage. Près des trois quarts ignorent à quel événement renvoie le 20 août 1956 [congrès de la Soummam où le FLN définit sa stratégie], 62% ignorent la date du 19 mars 1962 [début du cessez-le-feu en Algérie] et 44% ignorent le 8 mai 1945 [massacre d'Algériens à Sétif]»

Le manque de connaissance concernant les accords d’Evian est lui aussi flagrant. «La moitié seulement des Algériens adultes en ont entendu parler», précise El Watan. Seuls 4% des Algériens de 18 ans et plus, soit moins de 900.000 personnes, ont cité un dirigeant algérien ayant effectivement participé à ces accords.

Lu sur El Watan

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