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Sénégal: Macky Sall à l’heure du respect des engagements
La joie de l’élection passée, Macky Sall doit maintenant renvoyer l’ascenseur à ses alliés du second tour. Ou s’assurer une majorité à l’occasion des législatives...
Mise à jour du 1er juillet 2012: Les Sénégalais se déplacent aux urnes ce dimanche pour des élections législatives. Vingt-quatre listes sont en présence et cent cinquante sièges sont à pourvoir suivant un mode de scrutin « mixte » qui associe la proportionnelle (à l'échelle nationale) et le scrutin majoritaire (au niveau départemental).
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Il semble que le plus dur commence pour le nouveau président sénégalais, Macky Sall. Après la victoire de cette large coalition sur le camp de Wade, voici venue l’heure des récompenses. Comme en 2000 pour le mouvement du Sopi, de nombreuses forces politiques, des libéraux comme des socialistes, ont entonné en chœur pendant des mois le slogan «tout sauf Diouf» pour réaliser l’alternance au Sénégal.
Union nationale?
Faut-il s’attendre maintenant à un gouvernement d’union nationale? Sur la base de l’expérience de Wade, on peut se demander si l’idéal ne serait pas de laisser Macky Sall appliquer son programme. Cela permettrait d’éviter des exécutifs hétéroclites qui rendent difficile la gestion du pouvoir parce que les uns et les autres ne regardent pas dans la même direction.
Mais, il faut se rendre à l’évidence de la realpolitik en Afrique. Si des poids lourds de la politique sénégalaise ont soutenu Macky Sall au deuxième tour, c’est certainement sur la base d’accords. Et le temps est venu pour le nouveau président sénégalais de respecter ses engagements même si dans ce cas-ci, des postes ministériels n’ont pas été officiellement promis comme ce fut le cas en Côte d’Ivoire.
En attendant les législatives…
Certes, certains ténors ont annoncé publiquement qu’ils n’avaient pas monnayé leur soutien. Mais c’est peu probable que ceux-ci ne soient pas remerciés. La clarification viendra certainement de la tenue des élections législatives où les antagonismes vont reprendre leurs droits. Il semble d’ailleurs que Macky Sall a déjà pris les devants, pour avoir demandé aux cadres de son parti de repartir sur le terrain pour préparer ces consultations électorales.
Il lui faudra, en effet, une majorité confortable pour gouverner et l’idéal serait de voir son parti engranger une victoire respectable, ce qui le dispenserait de chercher de nombreux partenaires. Après la présidentielle, les législatives représenteront une étape décisive dans la configuration du paysage politique au Sénégal.
A cet effet, les nouveaux dirigeants ont tout intérêt à tirer les leçons des erreurs de Wade qui a «piégé l’alternance» ou d’ATT qui aura été emporté par un «unanimisme» inopérant sans opposition. Le Sénégal n’a pas besoin de cela et il est peu probable que cela arrive. A regarder de près les parcours de certains alliés de la même génération que Macky Sall, à l’image de Idrissa Seck, on peut être certain que sitôt l’euphorie de la victoire sur Wade passée, les ambitions présidentielles des uns et des autres vont reprendre le dessus.
Dayang-ne-Wendé P. Silga (Le Pays)
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