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Zimbabwe - Parler du «printemps», c'est risquer la prison
Au Zimbabwe, il ne fait pas bon évoquer les dirigeants maghrébins récemment déchus. On pourrait facilement y voir une allusion subversive en l'endroit du président Mugabe, 88 ans dont 32 au pouvoir.
Le 19 mars 2012, six activistes politiques ont été reconnus coupables de conspiration en vue de renverser le gouvernement. Le procureur a requis 10 ans de prison pour «incitation à la violence publique», rapporte le site d'information Sokwanele, très critique sur les dérives du pouvoir.
Un communiqué de l'ONG Human Rights Watch indique que les six coaccusés ont finalement été condamnés à deux ans de prison avec sursis 500 dollars d'amende et 420 heures de travaux d'intérêt général.
Il faut remonter une année en arrière pour comprendre toute l’affaire. Février 2011, 45 activistes, étudiants et syndicalistes sont arrêtés pour avoir assisté à un meeting organisé par le juriste zimbabwéen Munyaradi Gwisai. Cet universitaire est un ancien parlementaire d'opposition et proche de Morgan Tsvangirai, l’actuel Premier ministre et rival politique de Mugabe.
Mais c’est l’objet de la réunion qui est en cause: à savoir mener une réflexion autour de la diffusion de vidéos sur le printemps arabe. «Une vraie conspiration en vue de commettre des actes de violence publique», d’après le tribunal qui a jugé l'affaire.
Toujours selon Sokwanele, après des tortures et des intimidations diverses, 39 d’entre eux sont relâchés, mais de graves charges sont maintenues pour six autres. L’accusation soutient que le militant envisageait de provoquer un soulèvement similaire au Zimbabwe afin d'occasionner la chute de Robert Mugabe.
Si le juge a reconnu que le fait de visionner une vidéo ne constituait pas un crime, il a en revanche considéré que cette diffusion était dépourvue de tout caractère innocent et académique. Et que, à l’évidence, elle cachait le dessein d’inciter le peuple à la révolte.
Selon le correspondant de SW Radio Africa à Harare, le jugement a été accueilli avec désapprobation par le public présent au procès. On dénonce une décision politique pour complaire au Zanu–PF, le parti au pouvoir.
Lu sur Sokwanele, SW Radio Africa, HRW
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