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Mali - Le président ATT dénonce les liens entre Aqmi et la rébellion touareg
Les sujets de préoccupation ne manquent au Mali. Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), liens supposés de la rébellion avec Aqmi, lutte contre le terrorisme, élections présidentielles… Le président malien Amadou Toumani Touré (ATT) est sorti de la réserve dans laquelle il s’était confiné jusqu’ici.
Dans une interview au quotidien français Le Figaro, le président ATT s’est confié pour la première fois à un média étranger sur la rébellion qui sévit dans le nord de son pays.
Le chef de l'Etat malien dénonce la guerre en Libye comme étant le facteur déclencheur de cette rébellion. Après la chute du colonel Kadhafi, les combattants touareg de l'ex-guide libyen sont rentrés dans leur patrie d’origine avec quantité d’armes.
«Ces combattants aguerris sont près d'un millier. Ils sont équipés de véhicules blindés légers, d'artillerie, de canons antiaériens, de fusées SAM7, de mitrailleuses lourdes, de moyens de transmission, de munitions», avertit le président.
ATT assure que les autorités maliennes ont vainement tenté un encadrement de ce retour au pays qui s’est mué en conflit armé.
Par ailleurs, il confirme les liens entre Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et le mouvement indépendantiste touareg.
Les islamistes constituaient en grande partie le contingent qui a perpétré le «massacre» des troupes maliennes de la garnison d’Aguelhok le 24 janvier dernier (70 soldats désarmés avaient été exécutés). A ce sujet, ATT parle de crimes de guerre souhaitant que la CPI se saisisse du dossier.
Néanmoins, le président du Mali se dit prêt au dialogue, sous conditions cependant:
«Il n’est pas question d’envisager une indépendance».
Si des concessions sont possibles, l’intégrité du territoire reste elle non négociable.
ATT s’indigne des justifications avancées par le mouvement armé pour légitimer son action: la négligence de cette partie du pays et de ses populations. Parlant même de «discrimination positive» à l’égard des Touareg, il assure que des efforts ont été faits depuis longtemps pour leur développement.
Les troubles que connait l’immense moitié nord du pays ne doivent pas selon lui être un obstacle à la tenue du scrutin présidentiel du 29 avril prochain. «Seuls 2% de la population apparaît dans une situation de vote difficile» a-t-il déclaré.
Se posant en démocrate, le chef d’Etat a réaffirmé pour la énième fois qu’il n’avait aucunement l’intention de tenter une modification de la Constitution pour briguer un troisième mandat. Il semble pressé de passer la main à son successeur souhaitant que celui-ci soit paré d’une légitimité assez forte pour relever les défis restants.
Lu sur Le Figaro
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