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Côte d'Ivoire - Les charniers de Duékoué passés au crible par la CPI

A la suite de l’extension des enquêtes aux crimes commis dès septembre 2002, les enquêteurs de la Cour pénale internationale (CPI) se sont rendus le 14 mars dans l'ouest de la Côte d'Ivoire.

Les forces d’Alassane Ouattara sont accusées d'y avoir commis plusieurs massacres pendant la crise post-électorale, rapporte l’Intelligent d’Abidjan.

Les experts en médecine légale sont allés repérer les charniers éventuels à l’aide d’une sonde archéologique et d'un drone, l'engin aérien offrant une vue d'ensemble des scènes de crime, précise RFI.

La population vivant au quotidien près de ces fosses communes a également guidé les experts.

«Y a  plein de morts dans ces trous et on ne sait pas exactement qui est dedans. J’ai besoin de savoir parce qu’on nous avait dit que ces personnes avaient été tuées dans ce quartier», déclare un homme du quartier.

Le fait que ces enquêteurs soient tous Européens semble être un gage de confiance pour ces habitants.

«Ils n'ont rien à nous cacher mais un Ivoirien en tant que tel peut être partisan. On ne sait pas de quel bord il est et peut donc cacher la vérité… C’est pour ça que nous voulons que ce soient des étrangers qui viennent enquêter sur les crimes commis en Côte d’Ivoire», explique à RFI un autre homme.

Pour le moment, aucune exhumation ni prélèvement n'a été effectué, mais parfois il aurait suffi aux enquêteurs de se baisser pour trouver des ossements humains, rapporte RFI.

A Duékoué, petite ville de l’ouest peuplée de 72.000 habitants, suffisamment d'éléments auraient été trouvés pour confirmer l'hypothèse de charniers.

Les conclusions des enquêteurs devraient rapidement être remises au Procureur de la CPI pour décider d'une exhumation.

«Dès que nous aurons recueilli suffisamment d’éléments démontrant que telle ou telle personne a commis ces crimes, nous les présenterons aux juges, à qui il reviendra de décider s’il y a lieu de délivrer des mandats d’arrêt à l’encontre des intéressés», a déclaré Amady Ba, chargé de la coopération internationale à la CPI, rapporte l’Intelligent d’Abidjan.

La CPI entend donner un signal fort aux dirigeants du monde.

«En ouvrant des enquêtes et en engageant des poursuites, le Bureau cherche à faire comprendre aux dirigeants de la Côte d’Ivoire et de tous les autres pays qu’il n’est plus possible de recourir à la violence ni de commettre des crimes pour accéder au pouvoir et s’y maintenir. Nul ne peut échapper à la justice pour ces crimes-là», a ajouté Amady Ba.

Pour lui, cette justice participe à la consolidation du processus de réconciliation nationale mise en place par le gouvernement ivoirien.

«Je pense que nous sommes d’accord avec les membres du gouvernement, avec les autorités, avec les partis politiques, la société civile que faire la justice, qu’elle soit nationale ou internationale, participe d’une paix durable. Une vraie paix, une paix solide s’adosse sur une justice forte et indépendante», a-t-il souligné.

Et si les autorités ivoiriennes ont, conformément à leurs obligations, exécuté le mandat d’arrêt, Amady Ba explique que «M. Gbagbo est présumé innocent et jouira de tous les droits garantis aux suspects».

Il a également répondu aux questions sur une probable inculpation du président Ouattara dans les violences commises lors de la crise de 2002.

«Nous ne nous focalisons pas sur les noms. Nous ne donnons jamais de nom sauf si les jugent lancent un mandat d’arrêt. Nous ne menons pas d’enquêtes politiques pour plaire à un camp», rapporte le quotidien L’Expression.

Amady Ba a enfin salué la coopération de la justice ivoirienne qui a facilité la tâche aux enquêteurs de la CPI qui ont eu accès à tous les sites souhaités.

Lu sur L'Intelligent d'Abidjan, L'ExpressionRFI

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