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Ouganda - Joseph Kony, un chef de guerre qui fait le buzz contre lui
Mise en ligne le 5 mars, la vidéo Kony 2012 a déjà été visionnée par plus de deux millions de personnes. Diffusée par l’association Invisible Children, ce film se propage comme une traînée de poudre sur la Toile.
Même si elle porte le nom de Joseph Kony, cette vidéo ne vise pas à rendre célèbre le chef de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) en Ouganda. Elle cherche au contraire à dénoncer ses actes, ainsi que ceux de ses hommes.
Ils sont accusés d’avoir assassiné, violé, utilisé des enfants soldats et enlevé des milliers de gens depuis le début de leur soulèvement en 1986 au nord de l’Ouganda, ainsi que dans les pays voisins: le Soudan du Sud, la République centrafricaine et la République démocratique du Congo.
Comme l’explique le site de la chaîne canadienne CBC, ce mini-documentaire de 30 minutes a été réalisé par Joseph Russell, un des fondateurs d’Invisible Children.
Cet Américain a rencontré il y a quelques années Jacob, un Ougandais lors d’un voyage en Afrique. Le jeune garçon lui a raconté sa vie d’enfant soldat au sein des rebelles de la LRA et l’exécution de son frère qui avait tenté de fuir.
«Ils les ont forcé à mutiler des visages et à tuer leurs propres parents», peut-on entendre dans la vidéo.
Bouleversé par ce témoignage, Jason Russell a fait la promesse à Jacob de mettre un terme à ces atrocités. De retour aux États-Unis, l’activiste a ainsi cherché à médiatiser les violences perpétrées par Joseph Kony auprès de politiciens ou de stars comme Rihanna ou Chris Brown. Interviewé par le site Enough Project, le jeune réalisateur américain explique en détail sa démarche.
«Nous voulons faire en sorte qu’il soit connu, ce qui est très difficile dans une culture où il y a tellement de distractions et d’histoires différentes. La meilleure solution que nous avons trouvé était de tirer avantage de cette année électorale et d’insérer son nom dans une fausse campagne pour la présidence.»
Le but ultime de ce mouvement est de faire enfin arrêter Joseph Kony, accusé de crimes de guerre par la Cour Pénale Internationale:
«Le monde connaîtra enfin ses crimes et les gens pourront assister à son procès à un niveau international. Ils pourront enfin voir cet homme face à la justice, après avoir enlevé des enfants, violé des petites filles et mutilé des gens pendant 26 ans.»
Cette initiative est aussi relayée par la communauté africaine. Sur son blog publié par le quotidien britannique The Independent, le journaliste ougandais Musa Okwonga se félicite de l’attention mondiale portée à cette situation grâce à la vidéo. Il trouve toutefois que son approche «paternaliste» a des relents peu plaisants de colonialisme.
«Invisible Children invite les internautes à voir l’engagement des politiciens américains et des célébrités, mais il ne leur montre pas le travail fantastique que beaucoup d’Ougandais du nord font dans leur communauté ou dans la diaspora.»
Le journaliste s’étonne aussi que le président ougandais Yoweri Museveni (au pouvoir depuis 1986) ne soit pas mentionné dans la vidéo. Il espère toutefois que ce film va encourager plus de questions sur la gouvernance en Afrique et notamment sur le comportement des autorités ougandaises.
«Si des milliers d’enfants britanniques étaient enlevés chaque année dans leur village et recrutés dans une armée, vous pouvez parier que David Cameron devrait faire face à de très sérieuses questions à la chambre des Communes. Vous pouvez parier qu'après vingt années de tels agissements sous sa direction, il ne dirigerait plus le pays», conclut-il en faisant le parallèle avec le gouvernement britannique.
Lu sur Invisible Children, CBC, Enough Project, The Independent
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